Essor des entrepreneures africaines : Ed-Techs, un levier pour désenclaver les femmes (source le Manager.tn)

Mise à jour le 13 juillet 2021

Essor des entrepreneures africaines : Ed-Techs, un levier pour désenclaver les femmes (source le Manager.tn)



Quelles sont les principales mesures concrètes à prendre aujourd’hui pour accompagner l’essor de l’entreprenariat féminin africain grâce au numérique ? Organisé par la CPCCAF (Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones), un webinaire sur ‘l’Entreprenariat Féminin en Afrique à l’ère du Numérique’ s’est tenu le 5 juillet sur zoom pour répondre à cette interrogation, notamment par sa 1ère table ronde ‘Femmes et Ed-Techs’ modérée par Eliane Munkeni (Fédération des Entreprises du Congo).

Quand on évoque les EdTech, on pense non seulement à l’usage des TIC pour l’apprentissage et aux Start-ups qui innovent dans l’éducation, mais également à la disparité genre ; là où la discrimination, les normes sociales et les attentes influencent la qualité de l’éducation que les femmes reçoivent et les cursus qu’elles choisissent.


« L’inclusion des femmes passe par la technologie »


Selon Josephine Noro Andriamamonjiarison, présidente Chambre de commerce et d’industrie d’Antananarive, Madagascar, les femmes ne sont pas attirées par les métiers scientifiques, les carrières d’ingénieur… et il fallait les encourager  pour: « Je reste persuadée que l’un des vecteurs importants de l’épanouissement de la femme est la formation et c’est pour cela que nous avons mis en place une école sup TIC, une école qui a la particularité de former les jeunes en alternance. Ce n’est pas facile quand les choses commencent à changer car les jeunes filles sont encore minoritaires mais nous sommes convaincus que des aspects importants de l’inclusion des femmes résident dans la technologie. Dans cette école, nous avons un service de mise en contact de nos élèves avec le marché, c’est cela qui est porteur d’espoir. »

Josephine Noro cite un exemple où les choses ont changé grâce à la technologie, notamment avec un simple SMS : « Nous avons pu mettre en contact plusieurs acheteurs avec les agriculteurs qui étaient jusqu’alors isolées ; il y a beaucoup de femmes qui produisent dans les campagnes des légumes et des produits artisanaux et il faut trouver des solutions très simples pour les aider ; c’est l’idée d’utiliser un GSM basique, pas un smartphone, pour véhiculer juste les infos de base sur le produit et le prix proposé… »


« Le numérique a libéré la pédagogie »


Pour Sahar Mechri, CEO Promedia, l’adoption de l’EdTech est inéluctable : « Aujourd’hui, il est clair que les femmes entrepreneures ont l’obligation de se former et d’utiliser l’EdTech sur les 2 volets enseignement et éducation. Il est indéniable que les EdTech ouvrent beaucoup de portes, non seulement pour celles qui sont ambitieuses et qui souhaitent aller vers des spécialités pointues, mais aussi celles qui sont obligées de rester dans les villages et qui n’ont pas la possibilité d’aller en ville. Pour les unes, comme pour les autres, les cours en ligne offrent des avantages académiques et financiers (cela coûte moins cher). C’est une passerelle qui leur permet de postuler pour des postes d’emplois locaux et étrangers. »

Elle insiste sur la dimension opportunité de la période Covid, portant des initiatives de CoWorking via lesquelles les femmes peuvent elles-mêmes, un jour, développer leur entreprise car le digital est là pour accompagner leurs ambitions. « Au niveau de la formation, le numérique a libéré la pédagogie, entrainant des profils différents qui peuvent avoir accès aux cursus. Nous sommes devant une vraie mutation, et si 250 millions de postes sont perdus, 150 millions de postes vont être créés dans la Data et Techno », commente-t-elle.

Sahar Mechri souligne le rôle fédérateur des médias en évoquant le magazine qu’elle dirige et qui se veut un vecteur actif au sein de la communauté : « Nous organisons des trophées pour des entrepreneures (6 éditions déjà) et nous menons des enquêtes avec une base de données de 300 femmes actives. Il en ressort des besoins émis en matière de formation, surtout en cette période, mais aussi en communication et en développement personnel. Les résultats placent l’estime de soi et la communication en première ligne de la demande, suivi pas l’accès au financement. Quand nous leur proposons une formation, il apparait que la logistique, le fait de les rassembler, était difficile car elles ont un emploi de temps chargé ; mais, avec les capacités en ligne c’est beaucoup plus facile, même sur des plates-formes basiques… »

Concrètement, le déploiement numérique, l’efficacité de la formation accentuée par le digital, contribue de 25% à 40% de gains de productivité : « Le digital est fondamental dans l’entrepreneuriat ; et si les femmes n’ont pas créé l’entreprise, elles ont créé de nouveaux ilots dans l’entreprise et la formation leur permet de s’imposer. »


« Accompagner les difficultés pour aider à les résoudre »


Elodie Akotossode, Fondatrice de Women EdTech, présente sa plate-forme de formation en ligne où les femmes sont au premier plan ; dans le commerce électronique, tout ce qu’il faut pour les questions logistiques, outils, design, packaging… « Nous avons développé une plate-forme qui permet de mettre en ligne des produits qui ont des difficultés à être expédiés vers l’extérieur. Nous nous occupons de toute la logistique pour elles vers le Canada, la Martinique, la Suisse, les USA », explique-t-elle.

En termes de rendement, elle parle de sa fierté d’avoir accompagné des femmes entrepreneures de bout en bout jusqu’à ce que celles-ci soient parvenues aux marchés qu’elles espéraient conquérir : « Nous avons accompagné leurs difficultés pour les aider à les résoudre ; ces femmes ont déjà des boutiques et suivent des formations en qualité et nous les accompagnons dans la communication (les réseaux sociaux, google) pour leur amener des avantages et du rendement. »


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