L’intelligence économique au Burkina Faso (Benoit Maille)

Mise à jour le 25 novembre 2019

Au Burkina-Faso, dès le début des années 2000, la Chambre de Commerce et d’industrie (CCI-BF) joue un rôle central dans la promotion des démarches d’intelligence économique. A partir de 2001, elle inscrit l’IE comme l’une de ses priorités de mandature et déploie par la suite des plans d’action successifs.
Une de ses premières actions consiste à mettre en place un fichier d’entreprises fiables (fichier NERE), outil de base pour une démarche d’IE. Par la suite, la CCI-BF va greffer sur ce fichier une application de cartographie facilitant les études territoriales et la prise de décision des chefs d’entreprises.La CCI-BF mène également d’autres actions d’IE à destination des entreprises, comme l’Atelier de management de l’information stratégique (AMIS), la veille sur les marchés publics, réalisée dans le cadre du projet AMADE (OIF) pour les entreprises du BTP, ou les diagnostics IE proposés aux opérateurs burkinabè.En 2010, la CCI-BF confirme son implication dans les actions d’IE par la création en son sein d’une « Direction de la Prospective et de l’Intelligence Économique » (DPIE) et par le lancement du Réseau d’Intelligence Collective (RIC), en lien avec plusieurs partenaires. Le programme RIC permet de constater « [qu’] il existe une culture de recherche d’information dans les entreprises burkinabè, mais qu’elle en est à un stade informel” et que la veille demeure embryonnaire dans les PME. En plus d’autres actions de sensibilisation des entreprises, un colloque IE (« Intelligence économique : stratégies d’innovation et de compétitivité ») est organisé en septembre 2011.

Bientôt, d’autres acteurs s’impliquent également dans des démarches d’IE. En 2015, le Centre du commerce international (ITC) aide l’UEMOA à mettre en place une cellule de veille sur le coton. Basée au siège de l’UEMOA, à Ouagadougou, ce service surveille ce marché, qui est stratégique pour le Burkina, et alimente un observatoire dédié.

En 2017, le Centre Africain de Veille et d’intelligence Économique (CAVIE) installe un de ses représentants au Burkina Faso. L’année suivante, il organise un séminaire de formation à Ouagadougou.

Toujours en 2018, dans le cadre d’un travail universitaire, Mahamadi Sebogo présente une enquête sur les pratiques d’IE des PME du secteur agroalimentaire et constate que celles-ci demeurent faibles. Il observe également que l’IE ne fait pas encore l’objet d’une politique publique au Burkina Faso.

C’est le même constat que dresse le capitaine Sara qui a écrit un livre sur la « Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso » et appelle à la mise en place d’une intelligence collective. Le Club de la sécurité des systèmes d’information du Burkina (CLUSI-BF), lui aussi, abonde dans ce sens.

Cependant, l’année 2019 ne manque pas de signes encourageants pour ce qui est de l’émergence de l’IE au Burkina Faso :
– en mai, l’Association Burkinabè de l’Innovation et de l’Intelligence Economique (ABIIE) est lancée à Ouagadougou.
– en juin, lors du deuxième Forum des Associations Africaines d’Intelligence Economique (FAAIE) qui se tient à Dakhla, au Maroc, l’étudiant Ibrahim Kalil Toungara reçoit un prix pour son mémoire de Master. Celui-ci porte sur l’évaluation des pratiques d’IE dans les entreprises burkinabè de l’agroalimentaire qui ont été accompagnées par le projet Réseau d’intelligence collective (RIC).
– en octobre, enfin, la CCI-BF organise la première « Semaine Burkinabè de l’Intelligence Economique » (SBIE). Cette manifestation commence par une conférence sur la promotion de la pratique de l’IE qui rassemble plus d’une centaine de personnes. A cette occasion est présenté le projet de création du Réseau des Professionnels de l’Intelligence Economique du Burkina Faso (RPIE-BF). Cette conférence est suivie d’une Master Class de trois jours consacrée aux techniques d’IE offensive et défensive.

La réussite de la SBIE démontre l’intérêt des démarches d’IE au Burkina Faso, aussi bien pour le secteur privé que pour le secteur public. Montrant lui-même l’exemple, le Ministère en charge du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat considère l’IE comme un outil puissant au service de son pays et encourage sa pratique, dans ses services comme dans les entreprises.

Benoit Maille

Lien : https://portail-intelligence-afrique.com/lintelligence-economique-au-burkina-faso/

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