En introduction du webinaire, le Président de la CPCCAF, Mounir Mouakhar, a d’abord évoqué l’essor du numérique sur le continent africain, avec le développement de centres de recherche et d’innovation, avec l’émergence de nombreuses startups et de hubbs, centres d’appels. Il a ensuite fait part aux participants du contexte nouveau de la ZLECAf (zone de libre-échange continentale) qui entraînera une croissance exponentielle des échanges intra-africains. Enfin, il a rappelé l’organisation du 18ème Sommet de la Francophonie, prévu en novembre 2021, à Djerba – Tunisie.
Le Directeur de la Francophonie économique et numérique de l’OIF, Henri Monceau, a pour sa part exposé la nouvelle stratégie de la francophonie économique. Depuis son actualisation en novembre 2020, celle-ci repose sur 5 axes principaux :
- Intensification des échanges commerciaux et des investissements dans l’espace économique francophone. Deux missions commerciales multilatérales seront ainsi organisées par l’OIF : une première mission en octobre 2021 en Asie du sud-est (Vietnam, Cambodge), sur des thématiques agro-industrielles. Une deuxième mission au printemps 2022, en Afrique centrale.
- Stimulation de l’innovation et de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Au-delà du développement d’incubateurs, il s’agit en particulier de favoriser l’accès des PME au financement. L’OIF veut ainsi contribuer à la syndication des investisseurs et à l’accompagnement des entrepreneurs, au travers particulièrement de son programme « pionnières de l’entrepreneuriat francophone ».
- Economie numérique et Intelligence artificielle. L’OIF lance pour cela le projet « Déclic » qui porte sur 15 formations aux métiers du numérique dans 12 pays, pendant 5 ans.
- Renforcement de la capacité des acteurs et amélioration de l’environnement des affaires.
- Plaidoyer francophone avec l’organisation 4 rencontres organisées en ligne en préparation du Forum économique de la Francophonie, prévu en marge du Sommet de Djerba (Tunisie)
Le débat a ensuite été engagé par Stéphane Boulet, Secrétaire général de la Fabrique de l’exportation, qui a évoqué :
- D’une part, la nécessaire créativité des modes d’entrée et de présence en Afrique (accès aux marchés du continent) ;
- D’autre part, l’évolution indispensable du modèle d’affaires, pour pouvoir adresser des populations à bas revenus, qui se situent « au bas de la pyramide » (évolution des modes de financement, avec recours au leasing).
La Secrétaire générale d’ICC-France, Emmanuelle Butaud, a rappelé le contexte de l’insertion de l’Afrique dans le commerce mondial, avec la ZLECAf qui constitue une opportunité, mais avec des paramètres à prendre en compte en même temps, comme la crise sanitaire du COVID19 et la concurrence entre grands hubbs portuaires mondiaux. Elle a donc souligné qu’il fallait former les opérateurs aux INCOTERMS, moyennant le réseau des chambres de la CPCCAF, et développer la pratique de l’arbitrage en Afrique, comme mode alternatif de règlement des litiges transfrontaliers. Pour cela, il convient de former de nouveaux arbitres africains et également de bien veiller à ce que le français soit la langue de procédure de l’arbitrage en Afrique francophone.
Enfin, Marie-Claude Drouin, Secrétaire générale du Réseau de normalisation francophone (RNF) a conclu le débat en rappelant que la normalisation était le pilier de la vitalité économique ; sachant que « qui fait la norme fait le marché ». Elle a évoqué de ce point de vue plusieurs exemples, notamment dans le secteur de l’assainissement, avec aussi un outil d’information mis à la disposition de chacun sur le continent africain, comme par exemple à Madagascar : https://jesuislanormemadagascar.org/author/jesuislanorme/
Après le débat, les différents acteurs francophones ont présenté leur activité en direction de l’Afrique
Vincent Subilia, Directeur Général de la CCI de Genève a ainsi rappelé l’ouverture au monde de sa chambre (entité privée accompagnant plus de 2 500 entreprises), qui développe une stratégie de développement vers l’Afrique, appréciée au travers de sa grande diversité (avec des marchés : matières premières, infrastructures…). Il a par ailleurs indiqué que le CEO Forum était régulièrement organisé à Genève.
Stéphane Pipon (Québec) et Charles Robert (Montréal) ont souligné le lien solidaire du Canada francophone avec l’Afrique, qu’il s’agisse de développer des corridors économiques et commerciaux ou de favoriser l’accompagnement d’affaires grâce à des sessions de formations en ligne.
Dominique Delattre (AWEX) a évoqué les différentes actions mises en œuvre par son organisation pour promouvoir les échanges et les partenariats économiques et commerciaux avec l’Afrique. Outre des missions économiques (en lien avec 9 points de contact en Afrique), l’AWEX organise ainsi des formations permettant d’encourager les entreprises belges à exporter en Afrique. De son côté, la Fédération des chambres de commerce belges, représentée par Jacques Evrard, a rappelé son action en direction des marchés porteurs des pays ACP, en fonction des opportunités économiques que cela peut présenter.
Philippe Yvergniaux, pour Business France, a souligné que l’Afrique était une priorité stratégique pour la France, avec un effort (exportation et investissements) fait particulièrement en direction de l’Afrique sub-saharienne. Aussi, il convient de renforcer les capacités des agences africaines qui accompagnent les entreprises qui doivent elles aussi être soutenues, particulièrement dans la zone UEMOA.
Denis Bergé, pour la CCI Aix Marseille Provence et Africalink, a rappelé le rôle joué par Marseille pour développer un courant d’affaires Québec – Europe – Afrique, avec Africalink comme communauté d’entrepreneurs souhaitant nouer des partenariats. Aussi, le Club Afrique des côtes d’Armor (Annie Le Masson, Esther Massoua) a évoqué les enjeux de la ZLECAf et l’importance de l’indication des règles d’origine. Enfin, Estelle Gillot (CCI de Région Paris – Ile-de-France) a mis l’accent sur les points communs entre les différents acteurs (y compris les diasporas) et la nécessité de développer des synergies, de mutualiser les actions (préparation, information, adaptation) et missions visant à accroître les échanges avec l’Afrique.
Patrick Sevaistre est intervenu pour l’EBCAM qui a pour objet de promouvoir à Bruxelles les intérêts du secteur privé, en particulier dans la relation entre l’UE et l’Afrique. Il a ainsi mentionné le programme européen ARCHIPELAGO comme un modèle qui devrait être développé. Aussi, il a indiqué que l’EBCAM militait pour que les entreprises puissent avoir directement accès aux instruments financiers de la Commission européenne pour l’Afrique, qui devraient pouvoir être rassemblés dans une Banque de développement européenne.
Le député du nord, Vincent Ledoux, a conclu le webinaire de la CPCCAF en insistant sur plusieurs points :
- Pour développer le lien avec l’Afrique, il faut nécessairement plus de synergie, de coordination et de cohérence dans les politiques qui sont menées par rapport à un continent qui mérite d’être plus largement découvert par les opérateurs économiques européens.
- Aussi, de ce point de vue, le modèle du compagnonnage CPCCAF qui permet de développer des relations de pair à pair, et de mettre en place des relations interpersonnelles entre acteurs, au plus proche des populations, peut faire gagner la bataille de l’opinion publique africaine.
En septembre 2021, un nouveau webinaire sera organisé par la CPCCAF sur la thématique de : la résilience africaine par le développement du commerce international pour sortir de la crise du Covid19
- Présentation des résultats de l’enquête CPCCAF menée avec ITC (Centre de commerce international) auprès des entreprises africaines en 2021 : quelles sont les solutions pratiques mises en œuvre en 2021, à mi-parcours de la crise économique et sanitaire du Covid19, par les entreprises et les structures qui les accompagnent ?
- Débats : la dynamique de la ZLECAf (grand marché unique) et le développement du commerce international
- Le rôle des structures africaines d’accompagnement des entreprises – Intervenants des chambres africaines du réseau CPCCAF et d’autres structures ;
- Le modèle différent des entreprises africaines – intervenants notamment de la Délégation du Québec à Dakar sur les méthodes et outils utilisés, les points d’entrée africains pour assurer la connectivité et la complémentarité entre francophones
Avec :
- Le numérique comme alternative aux voyages en Europe
- Le développement des réseaux de contacts
- Et des exemples : plateforme FRANCO-FIL, formations en ligne et monitoring / coaching en mode distanciel…
Chacun des webinaires est gratuit et s’adresse aux représentants du secteur privé, aux entreprises africaines et francophones de toutes tailles et tous secteurs d’activité, ainsi qu’à toutes les personnes et institutions intéressées par le développement des échanges économiques en Afrique francophone.