Accompagner la transition agroécologique avec les organisations paysannes : Retour d’expériences du projet Terria au Sénégal

Mise à jour le 11 mars 2024

Le projet Terria a été mis en œuvre de 2017 à 2020 par deux associations membres de la Fongs : Jig Jam dans les communes de Fissel et de Ndiaganiao dans le département de Mbour, et la Fédération des groupements de producteurs du Baol (Fegpab) dans la commune de Ngohé dans le département de Diourbel.

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Ces associations ont accompagné des exploitations familiales dans le but de leur offrir une meilleure sécurisation foncière, mettant également à leur disposition des moyens techniques et financiers pour l’adoption de nouvelles pratiques. Les actions du projet ont essentiellement porté sur :

  • la mise en place de fonds d’appui destinés à :

– doter les familles en animaux, semences et matériels afin de faciliter l’intégration agriculture/ élevage,
– aménager des périmètres maraîchers,
– restaurer les terres dégradées.

  • le renforcement des dispositifs paysans d’appui-conseil, notamment en matière d’agroécologie et de suivi global des familles et des groupements féminins ;
  • l’accompagnement vers une meilleure sécurisation foncière, sur les terres familiales et sur les périmètres maraîchers féminins ;
  • le renforcement des concertations locales et des dynamiques communautaires de gestion des
    ressources naturelles.

Pour engager la transition agroécologique, le projet de recherche-action Terria a appuyé simultanément sur deux leviers : une sécurisation à long terme des exploitations familiales dans leur accès au foncier à titre individuel ou collectif, et un accompagnement de proximité de ces exploitations pour l’adoption de nouvelles pratiques.

Le Gret et la Fongs accordant une place importante à l’apprentissage dans l’action, un processus participatif de capitalisation a été conduit à la fin du projet, réunissant les associations et leurs membres afin de répondre à plusieurs questions : qu’a-t-on appris de la mise en œuvre du projet Terria ? Quelles connaissances peut-on partager au sein du réseau paysan et avec les autres acteurs ?

L’objectif poursuivi était la production et le partage de connaissances issues du projet en matière de démarches, de méthodes et d’outils, en vue de contribuer à renforcer la promotion de la transition agroécologique au Sénégal.

L’exercice de capitalisation a mobilisé les acteurs et actrices du projet lors d’entretiens individuels (30 entretiens) et de focus groups (dans les six périmètres maraîchers), et durant des ateliers de retour d’expériences, de partage et d’analyse des résultats (un atelier de capitalisation de deux jours a regroupé dans chaque commune une quarantaine de participants). Les organisateurs ont veillé à rendre l’exercice le plus inclusif possible, en rassemblant tous les représentants clés : exploitations familiales, femmes des périmètres maraîchers, leaders paysans, élus locaux, agents des services déconcentrés de l’État, animateurs des dispositifs paysans, etc. Sensible au genre, ce travail a associé femmes et hommes dans des travaux de groupe mixtes et distincts.

Sur la base de récits de vie et d’études de cas, la méthode a privilégié une approche empirique pour décrire « ce qui a été fait » dans le cadre du projet et « comment », et ce pour identifier des tendances et en tirer des enseignements. Ce document restitue les résultats de cette expérience de recherche-action. La première partie présente le projet Terria, la deuxième ses réalisations et la troisième partie propose un certain nombre de réflexions issues des leçons tirées du projet.

Les partenaires du projet

Les partenaires institutionnels

Le projet Terria a été mis en œuvre par le Gret en partenariat avec la Fédération des organisations non gouvernementales du Sénégal (Fongs).

Créée en 1978, celle-ci regroupe à ce jour 33 associations paysannes et intervient dans les 14 régions administratives du Sénégal. Son action concerne directement et exclusivement les associations et leurs membres, qui constituent sa base sociale.

La Fongs appuie ses associations membres dans divers domaines :

  • réflexion stratégique et suivi-évaluation ;
  • développement de services économiques (approvisionnement/ commercialisation groupée) ;
  • transformation et valorisation des produits agricoles ;
  • multiplication de semences, financement rural ;
  • gestion durable des ressources naturelles (promotion d’outils de gestion collective des ressources naturelles partagées, concertation avec les organisations paysannes et les conseils locaux sur la gestion de l’espace et des ressources naturelles, promotion de pratiques paysannes augmentant la valeur de la terre et sécurisant les exploitations familiales) ;
  • production de connaissances et plaidoyer.

Les associations porteuses

1. Jig Jam

Créée en 1986, l’association Jig Jam intervient dans cinq communes du département de Mbour (Fissel, Ndiaganiao, Sandiara, Nguéniène et Sessène), avec un ancrage historique à Fissel et Ndiaganiao. L’association se donne pour objectif d’offrir un cadre d’échanges, de dialogue, de formation, d’information et de communication aux producteurs et productrices qui en sont membres, pour accompagner leur développement social, économique, politique et culturel. Elle regroupe actuellement 60 groupements paysans mixtes couvrant 925 exploitations familiales.

Depuis les années 1990, Jig Jam a mis en œuvre dans sa zone d’intervention de nombreux projets de développement concernant la sécurité alimentaire (mise en place de banques céréalières), la reconstitution du cheptel familial pour la fertilisation des sols (bergeries, moutons de case, embouches bovines et ovines), la protection et la préservation de l’environnement ou encore des concertations sur la gestion des ressources naturelles (reboisement, régénération naturelle assistée, mise en défens*). S’inscrivant depuis les années 2000 dans un nouveau plan stratégique, elle a impulsé une nouvelle dynamique d’intervention dans le domaine de la sécurisation foncière pour accompagner les familles dans les processus de formalisation de leurs demandes d’affectation des terres. Le nouveau plan stratégique de Jig Jam s’articule désormais autour de trois objectifs majeurs : permettre aux exploitations familiales de se nourrir durablement grâce à leurs activités agricoles, faciliter les relations avec les collectivités territoriales et impliquer davantage les femmes et les jeunes dans ses activités.

Les interventions du projet Terria se sont largement inspirées des orientations de ce plan stratégique et s’inscrivent dans la continuité des actions conduites par Jig Jam. Il s’agissait d’approfondir et d’accompagner un passage à l’échelle des dynamiques déjà engagées sur le terrain.

2. La Fédération des groupements de producteurs du Baol (Fegpab)

Créée en 1987 et officiellement reconnue en 1990, la Fegpab intervient sur 12 communes du département de Diourbel, et plus particulièrement dans les arrondissements de Ndoulo et de Patar. Elle regroupe aujourd’hui 40 groupements villageois de producteurs.

Le défi central de l’association est d’apporter une réponse durable et adaptée à l’insécurité alimentaire chronique des exploitations familiales, qui n’arrivent pas à vivre de leurs productions au-delà de quatre mois du fait de la forte détérioration des ressources naturelles et des faibles performances agricoles qui en découlent.

Ainsi l’action de la Fegpab a-t-elle été jusque-là orientée vers des activités de diversification agricole (maraîchage) et des initiatives de restauration des ressources naturelles.

Sensible et réceptive à l’agroécologie, la Fegpab estime que cette approche répond aux enjeux de sa zone d’intervention et des exploitations familiales.

Le projet Terria s’inscrit dans la continuité de ses actions, axées en grande partie sur des dynamiques de protection de l’environnement (réintégration des arbres dans le paysage) et de restauration de la fertilité des sols (embouche ovine, production de compost).

 


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