Dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme (8 mars 2023), la CPCCAF offre un espace d’échange sur l’état et les défis de l’entrepreneuriat féminin en Afrique francophone. Plusieurs entrepreneures africaines sont intervenues durant le webinaire, alimentant ainsi une discussion débouchant sur de nombreuses solutions et conseils liés à la promotion de l’entrepreneuriat féminin. La conférence a été animée par Nadine BLA, membre élue de la CCI de Côte d’Ivoire et directrice générale de Capital Connect.
Table ronde n°1 : L’accès au financement des entreprises africaines gérées par des femmes
En préambule de ce webinaire, Apolline KEOU, Directrice générale d’Imes Consulting a présenté un état des lieux de l’entrepreneuriat féminin en Afrique francophone en rappelant que l’Afrique détient le record mondial de l’entrepreneuriat féminin avec 27% de femmes entrepreneures. Néanmoins, les normes juridiques et sociales perceptibles dans la région, les violences liées au genre et le manque de réseaux des femmes freinent leur pleine participation dans l’entrepreneuriat, d’où l’urgence de la question de financement des femmes-entrepreneures. Une étude de 2018 montre que l’accès des femmes au financement garantit une contribution de manière significative à l’économie des nations ; environ 1000 milliards de dollars. Apolline KEOU encourage ainsi l’engagement massif et constant des femmes dans le marché de l’entrepreneuriat, synonyme de moteur de croissance et rappelle que de nombreuses initiatives ont été lancées dans ce sens avec notamment les programmes :
- AFAWA de la BAD
- ELLEVER de Ecobank
- We-FI de la Banque Mondiale (Women Entrepreneur Finance Initiative)
La table ronde s’est poursuivie avec le partage d’expériences de Joëlle Itoua Owona, directrice générale d’AfriWell Health. Son action consiste à la révolution digitale au service de la santé, c’est-à-dire la connexion des patients, via une plateforme, à leurs professionnels de santé. Afin de financer leur activité, Joëlle conseille aux entrepreneur(e)s 3 solutions :
- Le financement bancaire avec garantie (très engageant)
- Le financement par les programmes d’accélération
- La levée de fonds du type Digital Africa de PROPARCO (un peu plus complexe)
Si Joëlle Owona a fait part de son expérience intéressante en tant que femme-entrepreneure, Valentin Bloyet a partagé les dispositifs de financements proposés par le réseau Initiative International mis en œuvre conjointement par des structures d’appui aux entreprises, des institutions financières et des opérateurs économiques africains. A travers le prêt d’honneur ou « prêt à taux 0 » sans garantie personnelle et les mécanismes d’accompagnement à la gestion d’une entreprise tels que le mentorat proposé par des bénévoles, Initiative International participe à la promotion et à l’attraction des femmes vers l’entrepreneuriat.
Pour sa part, Evelyne Dioh Simpa, directrice exécutive de WIC Capital, a présenté les dispositifs d’accompagnement technique et financier des petites entreprises dans leur passage à l’échelle à travers le fonds d’investissement. WIC Capital se situe entre le dispositif de microfinance et de financement bancaire classique. Son action participe à libérer le plein potentiel des entrepreneurs au Sénégal et en Côte d’Ivoire, grâce à l’accompagnement technique, notamment grâce au mentorat ou à l’assistance technique et le coaching avec la WIC Academy. Evelyne Dioh rappelle que le chiffre d’affaires d’une entreprise reste sa première garantie de financement par les institutions bancaires.
Suivant les difficultés d’accès au financement pour les femmes, Maimouna Gueye, spécialiste financière à la Banque Mondiale, a présenté un double dispositif de financement qui s’adresse à la fois aux entreprises et aux gouvernements chargés de mettre en place des dispositifs de gestion de projet à travers ses filiales que sont la SFI (Société Financière Internationale) et la MIGA (Agence multilatérale de garantie des investissements). La Banque Mondiale engage des études et des initiatives pour soutenir les femmes dans leur accès au financement et à l’assistance technique notamment grâce au fonds EPEC qui soutient l’entrepreneuriat, et plus spécialement l’entrepreneuriat féminin et le fonds We-FI évoqué plus tôt par Apolline KEOU. La Banque Mondiale vient également en garantie des banques commerciales dans les prêts aux petites entreprises.
Table ronde n°2 : Passage à l’échelle d’une entreprise : comment les entrepreneures africaines peuvent-elle se faire accompagner dans leur stratégie de croissance ?
L’état des lieux effectué par Elysée Deumany, présidente de l’association des femmes entrepreneures Ladies Business Forum et élue consulaire à la CCIMA du Cameroun, a rappelé les exigences relatives à la mondialisation concernant l’entrepreneuriat et l’intérêt de se tenir à jour en matière d’information ou de veille (une quête d’approches nouvelles), de formation ou de mise à niveau des compétences mais aussi l’importance de réseauter. Elysée Deumany a recommandé la mise en place d’une institution panafricaine de financement et des salons panafricains dédiés à l’entrepreneuriat féminin.
Aissata Tambadou, quant à elle, apporte une solution numérique à travers le no-code. Spécialisée dans l’autonomisation des jeunes, des femmes et des OSC en Afrique francophone, Aissata Tambadou accorde une grande importance à la digitalisation des entreprises et le renforcement des capacités. Elle s’est faite elle-même accompagner par des programmes tels que MEET AFRICA 2 ou MAKE SENSE AFRICA. Aissata rappelle l’importance :
- du réseau (LinkedIn, événements, salons…)
- d’être bien entourée (soutien public et privé)
- d’échanger avec des hommes entrepreneurs ayant réussi
- d’assurer la visibilité de son entreprise
L’accompagnement des entrepreneures africaines, selon Wendy Paratian, adjointe du programme SheTrades au sein du Centre de Commerce International, passe par un accompagnement personnalisé en ligne. La plateforme SheTrades propose de nombreux outils gratuits tels que l’auto-évaluation de son entreprise, des modules de formation en ligne ou encore des informations sur le financement (mise en relation avec des financeurs).
Forte de ses 12 années d’expériences dans les fonds et banques d’investissement, Laeticia Balou a décidé de fonder Leading Businesses Global Consulting, afin de dispenser un accompagnement technique pour les femmes entrepreneures en fonction des besoins et de leurs aspirations, mais aussi un accompagnement personnalisé à la recherche de financements et à la mise en réseau.
Clôture des interventions
Les tables rondes se sont achevées avec l’intervention de Charlène Rokhaya Jaye, fondatrice de la plateforme ROETCO, qui a partagé des conseils aux entrepreneures : réseauter, y compris avec des hommes, savoir s’entourer, mutualiser les achats, se faire accompagner notamment par les chambres consulaires, et celles du réseau CPCCAF, permet selon elle une mise à jour de l’information nécessaire pour multiplier les opportunités des entrepreneures.