Abdoullah Coulibaly, fondateur du Forum de Bamako : « Les femmes sont les véritables actrices du développement de l’Afrique »
« Quelle Afrique à l’horizon 2040 ? ». C’est le thème du prochain Forum de Bamako qui fêtera ses 20 ans du 20 au 23 février prochains dans la capitale malienne. Abdoullah Coulibaly, son Président-fondateur, en dévoile les grandes lignes et l’importante place faite aux femmes pour cette 20e édition.
Depuis quelques années le forum de Bamako se préoccupe des femmes mais cette édition 2020 se penchera beaucoup plus sur le sujets car avec la crise que connaît le Sahel, ils se sont rendu compte que la femme était l’élément déterminant pour apaiser les tensions et dénouer la crise. Pourquoi ? Parce qu’à l’origine de la crise il y a des problèmes de gouvernance territoriale. Dans le monde rural, ce sont les femmes qui travaillent le plus et sont les plus nombreuses, mais elles gagnent peu. Les problèmes d’inégalité, d’injustice et de corruption sont à l’origine de la crise. Ils souhaitent donc mettre en avant les femmes dans leur projet afin qu’elles deviennent les actrices majeures de la paix et du développement.
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Les femme au cœur du développement Africain
Ils ont donc décidé de faire ce Forum afin d’aider les femmes, dans le domaine de l’agriculture particulièrement, car c’est un secteur majeur pour le Continent. A travers l’augmentation de la production et de la productivité, ils vont aider les femmes à accroître leurs ressources. Quand elles ont plus d’argent, que font-elles ? Les femmes financent l’éducation. Or, il n’y a pas de développement sans éducation.
Aujourd’hui, les enjeux majeurs du Continent, ce sont la démographie et le changement climatique. Et les deux conjugués font qu’il y a trop de pression sur les terres et les ressources disponibles. Par conséquence, les gens sont agglutinés dans des zones où la terre devient rare et les espaces de terres arables commencent à devenir des zones d’habitation. La terre se raréfie et il est donc important quand il y a moins d’espace d’exploitation d’augmenter la production.
- Plus de travail pour les jeunes…
C’est pour ces raisons qu’ils ont pris la décision de mettre les femmes au cœur de leurs réflexions : elles donnent en effet l’éducation, la santé et, si elles ont davantage de ressources, elles vont permettre aux États d’avoir davantage d’excédents de production qu’ils transformeront par la suite. Et, grâce à cette transformation, ils pourront développer le travail ainsi les jeunes en profiteront et, en contrepartie en Europe, il y aura moins d’immigrés. Car, s’ils ont plus de ressources et du travail sur place, ils n’auront pas envie de partir et resteront au pays.
L’autre élément important, c’est qu’à travers l’augmentation de la production et de la productivité, ils vont pouvoir augmenter l’échange. Car on parle désormais en Afrique d’une zone de libre-échange, mais pour échanger il faut des produits et, pour qu’il y ait plus de produits, il faut que ces femmes-là soient motivées. C’est pourquoi les femmes sont au premier plan car elles sont les véritables actrices du développement de l’Afrique.