Lancement du comité de pilotage pour le développement de la francophonie des affaires
Jeudi 5 avril, à l’initiative du député Frédéric Descrozailles, était organisée une journée de travail sur le thème de la francophonie : un espace pour l’entreprise. Tout l’enjeu de cet atelier de travail participatif, suivi d’une table ronde, a été d’aborder la question de la francophonie dans le monde sous l’angle du développement des affaires et de l’entrepreneuriat.
Il a donné lieu à la mise en place d’un comité de pilotage, auquel la CPCCAF, par l’intermédiaire de son Délégué général Denis Deschamps, a participé. Ce comité sera basé sur trois principes :
► Repenser la question de la langue française sous le prisme du rapport à l’entreprise
► Adopter une approche pratico-pratique, pour que cette initiative débouche sur du concret, avec une application directe
► Inscrire ce projet dans le temps, en organisant régulièrement d’autres rendez-vous du comité sur les quatre années à venir
Le député Frédéric Descrozailles
Trois priorités ont été identifiées et sélectionnées par le comité de pilotage :
► Créer une plateforme numérique qui propose des outils de promotion du français comme langue des affaires avec des modèles de documents, de statuts, de règlements de litiges, de contrats, de certificats de conformité, de guides sur l’éthique et la RSE, rédigés en français. L’autre volet de cette plateforme numérique, axé sur la formation et l’emploi, recensera toutes les offres et demandes d’emplois francophones, avec une base de données de CV francophones.
► Créer un espace mondial de rencontres business francophones, pour permettre aux chefs d’entreprises et aux collaborateurs de se rencontrer physiquement et d’entreprendre ensemble des projets et partenariats
► Démarcher les multinationales pour vanter les mérites du bilinguisme/multilinguisme, mesurés par des bilans concrets, sur la base des résultats d’entreprises ayant déjà testé cette approche dans leurs succursales
L’ensemble des participants a tenu à souligner que la francophonie doit être envisagée au sens large comme le fait de parler français, et qu’elle ne doit pas être cantonnée à l’espace des Etats officiellement francophones ou aux seuls pays membres de l’OIF. Elle peut aussi s’appliquer au sein des entreprises d’un pays où le français n’est que secondaire, car c’est une langue qui permet la précision et la rigueur, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté dans l’interprétation, ce qui en fait une langue très pertinente pour le monde des affaires.
Les intervenants ont aussi prôné, à l’unanimité, la nécessité de désacraliser le rapport à la langue française, pour sortir du complexe littéraire qui fait du français une langue intimidante. Il faut accepter et promouvoir un français facile, un français accessible, un français professionnel, un français qui passe par la pratique. D’après Marianne Conde Salazar, Directrice des relations internationales, enseignement, recherche et formation à la CCI Paris-IDF, le développement du français des affaires doit passer par la promotion de certifications de français professionnel, ainsi que par la formation, en encourageant les entreprises à former leurs collaborateurs à des actes professionnels simples mais pratiques comme accueillir un client en français, repérer un partenaire en français, ou encore choisir un fournisseur en français.
Comme justement souligné par Marie-Christine Oghly, Présidente mondiale de l’Association des femmes chefs d’entreprise, il faut admettre que l’on constate, de facto, une perte de vitesse du français car dans le milieu des affaires, beaucoup de mots sont empruntés à l’anglais. Mais il est indispensable, pas seulement de préserver le français dans le monde des affaires, mais aussi de le promouvoir, même dans les pays non-francophones. Avec 8% du PIB mondial réalisé dans l’espace francophone, le français des affaires présente un potentiel de croissance de grande ampleur. Le développement de la francophonie dans l’espace de l’entreprise peut non seulement permettre de garantir de nouvelles parts de marché, mais il pourrait aussi permettre une plus grande réactivité face à l’innovation, ainsi qu’une meilleure gestion des conflits grâce à l’arbitrage dans une langue commune. De plus, comme l’a souligné M. Fakhr Eddine Es-Saaidi, Ministre Conseiller à l’Ambassade du Royaume du Maroc en France, étant donné le dynamisme démographique du continent africain, l’espace francophone aura vocation à s’élargir et pourra jouer un rôle de levier de croissance pour l’emploi des jeunes et des futures générations.
Enfin, comme l’ont souligné M. Bassirou Sène, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal en France et M. Lotfi Mellouli, Ministre Conseiller à l’ambassade de Tunisie en France, les réseaux et les partenariats, que la CPCCAF entretient, jouent un rôle primordial pour développer de nouvelles opportunités de coopération et pour trouver la solvabilité francophone. La CPCCAF, qui est déjà un opérateur important de la francophonie, tient effectivement à s’engager pour le développement du français des affaires en participant aux actions prévues par le comité de pilotage.