La marine chinoise et la protection des intérêts chinois en Afrique

Mise à jour le 21 mars 2018


La marine chinoise et la protection des intérêts chinois en Afrique

Ce mercredi matin, l’équipe de la CPCCAF assistait à une conférence organisée à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) par Thierry Pairault, Directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de la Chine. Invité pour intervenir sur le thème de « La marine chinoise et la protection des intérêts chinois en Afrique », l’historien Alexandre Sheldon-Duplaix est revenu sur l’implication grandissante de l’empire du Milieu sur le continent africain.

Aujourd’hui, la Chine affiche et assume son ambition de devenir un acteur global de l’économie bleue, et depuis l’avènement de la stratégie dite du collier de perles, la corne de l’Afrique se retrouve en première ligne de celle-ci. En effet, avec près de 40% du fret total de conteneurs chinois passant par la Méditerranée, l’Afrique revêt une importance considérable pour les intérêts économiques maritimes de l’empire du Milieu. Les côtes de l’est et du nord de l’Afrique représentent un point d’entrée privilégié pour le transit portuaire eurasiatique, et le Kenya, Djibouti, l’Ethiopie mais aussi le Maroc sont désormais des points d’ancrage solides du commerce maritime chinois. Si la Chine espère bénéficier de son implantation dans une perspective de long terme, les pays africains situés sur cette nouvelle route de la soie tirent aussi leur épingle du jeu car la présence chinoise permet le développement rapide des infrastructures portuaires, mais aussi des routes ou encore des lignes de chemins de fer. En 2016, la Chine est devenue le premier investisseur en Afrique, avec plus de 36 milliards de dollars engagés sur le continent.   

Au-delà de la simple perspective économique, le développement de la puissance maritime chinoise en Afrique sert également des intérêts politiques et stratégiques. Parfaite illustration de l’intensification du soft power chinois, le navire-hôpital baptisé « Arche de la paix » (和平方舟),  et qualifié par certains textes officiels chinois d’ « arme idéologique », sillonne depuis plusieurs mois les côtes africaines. Passé par Djibouti, le Congo ou encore le Gabon, cet hôpital flottant, contenant près de 300 lits et 8 salles d’opération, propose des soins médicaux gratuits aux populations des pays où il jette l’ancre. En développant par ce biais des liens d’amitié et d’entraide, la Chine entend améliorer son image pour garantir la durabilité de sa présence en Afrique et y sauvegarder ses intérêts.


En troisième et dernier lieu, la progression des intérêts chinois en Afrique soulève en filigrane la question de la Défense. Par idéologie, la Chine s’est jusqu’à maintenant montrée réfractaire à l’idée d’intervenir militairement en dehors de son territoire. Mais avec l’augmentation exponentielle du nombre de citoyens chinois présents sur le continent africain, elle sera contrainte de développer les moyens militaires lui permettant de venir au secours de ses ressortissants et de ses infrastructures en cas de crise.  En inaugurant en août dernier à Djibouti sa première base navale à l’étranger, la Chine a clairement affiché son intention de développer ses moyens militaires disponibles sur place, tout en promettant de lutter contre la piraterie pour pacifier la région et assurer la pérennité des voies économiques maritimes qu’elle emprunte.

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