La Côte d’Ivoire et le Kenya, « étoiles montantes » du commerce mondial selon Standard Chartered
Source Ristel Tchounand , La Tribune
Standard Chartered vient de publier son Trade20 Index, l’étude qui identifie les 20 économies mondiales au plus fort potentiel de croissance commerciale. La Côte d’Ivoire (en tête) et le Kenya (3e) s’imposent, tandis que le Ghana (13e) leur emboîte bien le pas.
Premier dans l’indice du commerce de Standard Chartered fraîchement publié, la Côte d’Ivoire apparaît comme le pays au plus fort potentiel de croissance commerciale future au monde. Le Kenya arrive troisième du Trade20 Index, derrière l’Inde et devant la Chine.
Pour arriver à ces conclusions, les experts de la banque britannique ont analysé 66 économies à travers le monde, dont 14 en Afrique. Le potentiel de croissance du commerce dans chacune de ces économies a été déterminé sur la base de trois critères. D’abord le dynamisme économique qui prend en compte la croissance du PIB, la croissance du volume des exportations, ensuite la préparation au commerce pour évaluer jusqu’à quel point le marché local dispose d’assises solides pour soutenir la croissance commerciale future. A ce niveau, les analystes ont notamment regardé la qualité des infrastructures, la pénétration du commerce électronique ou les conditions du doing business. Le troisième est spécifiquement celui de la diversification des exportations.
« Le Trade20 révèle que les principaux marchés de la région Asie-Pacifique, de l’Afrique et du Moyen-Orient affichent des progrès particulièrement impressionnants dans le potentiel de croissance du commerce. Les marchés émergents plus petits tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et Oman sont sur une trajectoire ascendante, progressant à partir d’un point de départ relativement bas », commente José Vinals, président de Standard Chartered.
Une croissance du PIB supérieure à 7% en Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire doit son classement à la manière par laquelle elle passée, en l’espace de sept ans, d’une économie déséquilibrée par la crise socio-politique à l’économie la plus dynamique d’Afrique francophone. Même si la Côte d’Ivoire devra faire l’effort de maintenir un trend haussier de ses Investissements directs étrangers (IDE), les analystes de Standard Chartered s’attendent à ce que la croissance du PIB dans ce pays ouest-africain reste au-dessus des 7% au cours de la prochaine décennie.
« Comparée aux autres économies africaines, la Côte d’Ivoire dispose d’infrastructures relativement développées. Abidjan, le principal centre urbain de ce marché, a étendu son port et son aéroport, renforçant ainsi sa position de pôle d’affaires clé pour l’Afrique de l’Ouest. L’augmentation des dépenses publiques a stimulé l’industrie manufacturière du marché et l’administration s’efforce également d’améliorer le climat général des affaires », commentent les auteurs de l’étude.
Le Kenya fait la part belle aux investissements dans les infrastructures
Le Kenya, quant à lui, mange les fruits de ses récents investissements dans les infrastructures qui ont boosté sa préparation au commerce international, estiment les experts à l’origine du Trade20 Index.
En outre, « Big Four Agenda » nourrit également l’optimisme autour du potentiel du Kenya dans le commerce mondial, selon le rapport. Pour rappel, ce vaste plan de développement annoncé par le président Uhuru Kenyatta fin 2017 vise à inscrire le Kenya dans le cercle encore fermé des pays émergents d’ici à 2022. L’un des principaux objectifs de cette stratégie est de faire de l’industrie manufacturière le principal pourvoyeur de richesse. En revanche, estime le rapport de Standard Chartered, l’Etat devra maintenir son endettement à un niveau acceptable et le secteur privé aura besoin du coup de pouce des banques via un allègement des taux d’intérêt, afin de faciliter davantage le financement des PME et PMI. Pas plus tard que fin août dernier, le chinois Sunda y lançait une usine de couches pour bébés, présentée comme la plus grande d’Afrique de l’Est.
La montée du Ghana
Arrivé 13e dans l’indice, derrière la Russie et loin devant Singapour et la Suisse, le Ghana a le mérite d’afficher « de bonnes performances, progressant rapidement d’une base relativement faible », résume le rapport.
« L’Afrique, qui abrite certaines des économies dont la croissance est la plus rapide au monde, pourrait devenir un acteur beaucoup plus important sur la scène commerciale mondiale. Déjà liés aux puissances commerciales en Asie, en particulier en Chine, par le biais de la Nouvelle route de la soie et du lancement de la Zlec [l’accord de zone de libre-échange, NDLR], nous entrevoyons de nombreuses opportunités de croissance pour le commerce et l’investissement dans les années à venir », a déclaré Saif Malik, codirecteur régional Afrique et Moyen-Orient, Global Banking, AME, Standard Chartered
Globalement, c’est donc à ce niveau que s’explique le mérite de ces trois économies africaines. Elles partent toutes d’un niveau de développement beaucoup moins important que la majorité des autres pays classés dans le Trade20 Index. De plus, l’entrée en vigueur de l’accord de zone de libre-échange pourrait davantage booster les performances commerciales des pays les mieux préparés, donc la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Ghana, en se fiant au rapport de Standard Chartered. Et avant d’être mondial, le potentiel commercial de ces économies pourrait d’abord être tiré par le commercial au sein des frontières africaines. « Le commerce intra-africain qui a dégagé un taux de croissance de plus de 17%, soit plus de trois fois celui du commerce extra-africain qui s’est accru de près de 5% », expliquait Hippolyte Fofack, économiste en chef & directeur de la recherche et de la coopération internationale chez Afreximbank, dans une interview récente accordée à La Tribune Afrique.
Les autres économies africaines étudiées dans le cadre de cet indice sont l’Angola, le Botswana, le Cameroun, l’Egypte, la Gambie, le Nigeria, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. Selon les auteurs de l’étude, ces économies ont encore un travail conséquent à réaliser pour améliorer leurs flux d’IDE et leurs conditions de doing business, tout en construisant des institutions fortes.