La blockchain pour l’agribio de demain (EDBM)

Mise à jour le 12 novembre 2021

Source EDBM

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Technologie révolutionnaire de dernière génération, la blockchain est surtout connue pour les transactions transparentes. Elle est pourtant applicable à quasiment tous les domaines. Appliquée à l’agriculture, elle sert de traceur numérique depuis la plantation jusqu’à l’assiette. À l’instar des leaders du domaine en Afrique, Madagascar commence à appliquer la blockchain dans l’agriculture biologique. Car après l’adoption de la loi 2020-003 sur le bio, la filière s’affirme et se perfectionne pour atteindre les meilleurs des niveaux exigés à l’international, en diapason avec l’excellence du terroir.

Le monde est de plus en plus soucieux de la provenance de ce qu’il consomme. C’est le concept même d’une consommation responsable au bénéfice du développement durable. Les pays producteurs se sont alors conformés à cette exigence. Il faut déjà rappeler que tout produit déclaré “naturel” n’est pas forcément bio. Il y a un bon nombre de paramètres précis à respecter pour être bio, dont une certification valable à l’international. En tant que technologie de confiance, la blockchain peut ainsi servir d’outil de traçabilité tout au long de la chaîne de valeur alimentaire. Toute fraude serait dès lors inenvisageable. Un label ou un terroir gagnera de surcroît en crédibilité et en valeur ajoutée.

Selon Gaëtan Etancelin, Président sortant du SYndicat Malgache de l’Agriculture BIOlogique (SYMABIO), Carrefour, le plus grand supermarché du monde, commencera à imposer la blockchain sur tous ses produits d’ici 2022. Ses pays fournisseurs, dont Madagascar, auront donc dans les 18 à 36 mois pour se mettre en conformité affirme-t-il.

Une solution à grands avantages économiques

Intervenant à « l’Agriculture blockchain web summit” du 15 juin 2021, Gaëtan Etancelin a représenté Madagascar parmi plus de 50 pays participants. L’objet du séminaire a été de se concerter sur des solutions qui pourraient être duplicables pour chaque pays. En tant que hotspot de produits d’excellence,  la Grande-Île a été spécialement conviée à participer à l’événement.

Une fois appliquée, la blockchain agricole peut en effet générer et/ou épargner des milliards de dollars. Selon Juniper Research, la technologie permettrait d’économiser dans les 31 milliards USD par an en matière de fraudes alimentaires dans le monde, d’ici 2024. Et cela parce que toutes les falsifications seraient largement réduites.

D’autre part, un article de l’Agence Ecofin a également montré que les petits producteurs seraient aussi plus avantagés. Ils pourraient promouvoir des produits aux qualités prouvées et à prix justes, tout en se facilitant l’accès aux marchés pour les exportations. À l’instar du système du “bitcoin”, les transactions se feraient directement de producteur à acheteur, après que ce dernier aura scanné le code QR du produit. “Ça permettrait aussi de persuader les petits producteurs à se formaliser. “ appuie Gaëtan Etancelin. “Et de toute façon d’ici 20 ans, ce sera partout une exigence. “ estime-t-il.

En Afrique, la technologie commence à être vulgarisée. Le leader du moment dans cette tendance est le Kenya, selon Gaëtan Etancelin. L’Ouganda commence aussi à se démarquer. L’article de l’Agence Ecofin a pris l’exemple du Carico Café Connoisseur, de Bugisu Blue. L’enseigne a mis un code QR à scanner sur les packs pour faire découvrir aux consommateurs toute l’histoire et toute l’authenticité des grains. La marque estime que grâce au processus, les revenus de ses producteurs s’élèveraient de 10%. Et tout cela grâce à la blockchain.

En parallèle, Madagascar a commencé à expérimenter la technologie depuis cinq ansdans la filière vanille. La Grande-Île étant le numéro un mondial, beaucoup d’ambitions reposent sur les précieuses gousses. Et aujourd’hui Sahanala et Biovanilla sont les premiers à adopter la blockchain dans la production de vanille certifiée biologique.

La blockchain pourrait également réduire les coûts de transports transfrontaliers. Ces derniers assurant près de 90% des échanges commerciaux dans le monde, la numérisation par blocs réduirait les intervenants, les délais et la paperasse, au bénéfice de l’automatisation. D’après les estimations de l’International Business Machines Corporation (IBM), la digitalisation totale permettrait au fret maritime d’économiser dans les 38 milliards USD par an. Le trader suisse Louis Dreyfusprésent à Madagascar, a été parmi les premiers à effectuer la première transaction de matières premières agricoles via la blockchain.

À Madagascar, la filière bio se perfectionne

Depuis la promulgation de la loi 2020-003 sur le bio, Madagascar commence à se démarquer dans la filière en Afrique. Aujourd’hui, un cadre juridique définit les conditions d’utilisation de la mention “produit biologique “ ou agriculture biologique sur le marché national. Ces termes sont valables pour les produits agricoles, d’élevages, forestiers, aquatiques, issus de cueillettes en zones naturelles ou issus de zones de production biologiques… “Tout le monde croit qu’il suffit de ne pas utiliser de pesticides pour être bio, alors qu’il y a de nombreux autres facteurs. “ explique Gaëtan Etancellin. La juridiction et la certification permettent ainsi un réel gain de confiance et de compétitivité au label à l’exportation.

Par ailleurs, la Grande-Île s’est cette année dotée d’un laboratoire de micropolluants certifié ISO 17025 à l’Institut Pasteur de MadagascarTroisième pays Africain à en disposer, le labo servira à détecter des résidus phytosanitaires sur des produits agricoles et/ou non agricoles. Ce qui permettra d’améliorer le système de contrôle interne, en effectuant des analyses tout le long de la chaîne de valeur. Les Limites Maximum de Résidus (LMR) autorisées à l’entrée des pays importateurs nécessitent en effet une surveillance accrue. Pour certaines entreprises, une analyse délibératoire pour chaque lot est même exigée par les clients, pour prouver que le produit est conforme aux normes.

Avoir un laboratoire sur place améliorera alors la sécurité sanitaire des aliments en respectant les exigences du cahier des charges international. Et ceci à moindre coût, car faire les analyses à l’étranger est beaucoup plus coûteux. Les contrôles et régulations des agents de l’État seront également facilités. In fine, tous ces avantages amélioreront la compétitivité des produits bio malgaches.

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