Essor des entrepreneures africaines : L’Agriculture, pour fédérer les efforts des femmes (source le Manager.tn)

Mise à jour le 13 juillet 2021

Essor des entrepreneures africaines : L’Agriculture, pour fédérer les efforts des femmes (source le Manager.tn)



Quelles sont les principales mesures concrètes à prendre aujourd’hui pour accompagner l’essor de l’entreprenariat féminin africain grâce au numérique ? Organisé par la CPCCAF (Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones), un webinaire sur ‘l’Entreprenariat Féminin en Afrique à l’ère du Numérique’ s’est tenu le 5 juillet sur zoom pour répondre à cette interrogation, notamment par sa 2ème table-ronde ‘Femmes et Agriculture’ modérée par Eliane Munkeni (Fédération des Entreprises du Congo).

C’est à la fois simple et fort ; les femmes rurales contribuent à la vie de leur famille et de leur communauté, réduire la faim et la pauvreté dans le monde ainsi qu’un rôle important dans la sauvegarde de l’environnement ! Pour leur renvoyer l’ascenseur, la moindre des choses est de reconnaitre leur situation souvent fragile et de se pencher sérieusement sur les innombrables difficultés qu’elles rencontrent.


« Fédérer toutes les femmes dans l’agroalimentaire »


Oumy Thiam Sangare, Directrice générale CCIA de Thiès- Sénégal, s’étend sur les difficultés de l’état d’agricultrice : « Nous avons tenté de fédérer toutes les femmes dans l’agroalimentaire (élevage, transport, emballage, sérigraphie…) puis nous avons identifié les problématiques dont les principales sont l’accès au foncier et aux semences de qualité. Les femmes qui ont besoin de ces produits ; l’agriculture est de plus en plus liée à l’agroalimentaire, les jeunes femmes chefs d’entreprises (Start-ups) y investissent ; celles qui ont des Masters, comme celles qui sont illettrées. »

L’enjeu étant de les faire accéder aux grandes surfaces, elles avaient besoin de codes-barres, d’être prêtes pour la vérification qualité, pour l’emballage… et Oumy Thiam déploie un large spectre d’aides : « Nous avons un incubateur que nous allons démultiplier dans chaque région avec des infrastructures de qualité, le soutien de la coopération allemande, une stratégie nucléus (10 à 15 femmes), de l’encadrement, des coachs, des consultants qui forment les femmes, des formations en ligne. Au Sénégal les femmes vendent beaucoup via les réseaux sociaux via des groupes qu’elles ont formés et la commercialisation en est facilitée mais l’exportation n’est pas très bien développée. Nous voulons former un Observatoire où les femmes bénéficient de plusieurs structures d’appui, dans lequel on leur inculque la culture de la traçabilité. Il les aide à organiser des rencontres et des foires où elles pourraient trouver des partenaires pour développer leurs chiffres. »


« Vulgariser, sensibiliser, accompagner »


Pour Nadine Bla, membre élu de la CCI de Côte d’Ivoire et DG de Capital Connect, « l’agriculture doit être prise très au sérieux car elle représente 25% du PIB de Côte d’Ivoire et 25% de ses emplois. » Elle souligne l’importance que revêtent les femmes dans ce secteur, même si l’informel garde une bonne place, si elles sont moins concernées par l’exportation, et si elles sont mieux organisées dans les filières vivrières : « Nous constatons qu’elles sont très agiles mais la formation manque. Pourtant, dans un système de débrouillardise les TIC peuvent aider (on n’est pas obligés de lire) et avec leur simple GSM elles peuvent se faire accompagner. Cette innovation est un véritable coup de pouce pour le secteur agricole ; au niveau des 18 CCI de Côte d’Ivoire, nous allons continuer à vulgariser, les sensibiliser de façon pratique, les accompagner en renforçant leurs capacités, leur financement, leur accès technologique. »


« Mettre en place des filières de production équitables et biologiques »


Sarah Toumi, fondatrice Acacias for all et Plug&Green, pense que le temps est venu pour un souffle fédérateur : « L’agriculture est un outil essentiel au moment où nous assistons à la dégradation des terres, la sécheresse, l’incapacité des systèmes de production… C’est le moment de fédérer les femmes pour mettre en place des filières de production équitables et biologiques. J’ai beaucoup appris auprès des 500 agricultrices avec lesquelles je travaille dans les filières de l’huile d’olive, des dattes, des huiles végétales et des huiles essentielles. Il est clair que la foration est la clef si nous voulons que les femmes accèdent à des marchés, il faut leur apprendre à travailler ensemble, s’associer… »

Elle rappelle que 80% de la main d’œuvre agricole en Tunisie est constituée de femmes et qu’il est nécessaire de les encourager à trouver le mix agriculture le plus favorable, leur soumettre une formation en soft skills : « C’était très compliqué avec la Covid, mais ce temps nous a permis de réfléchir, certaines se sont forcées à utiliser le digital (nous avons une plate-forme de traçabilité qui suit l’évolution de l’impact, les lots…) pour rassurer les acheteurs pour qu’ils puissent les valoriser. Grâce à la Covid, nous avons convaincu ces femmes de se connecter et mettre en place le Made-in-Africa et du made in Tunisia ; faire du bien à la communauté et à la planète. Le modèle est réplicable et nous allons sortir un guide pour réitérer l’expérience dans d’autres pays. »

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