4ème European Business Forum à Tripoli

Mise à jour le 7 décembre 2010

4ème European Business Forum à Tripoli

Comme l’année passée à Nairobi, la CPCCAF présidait, avec Eurochambres, une table ronde consacrée aux PME-PMI dans le cadre du European Business Forum (EABF), organisé par les commissions de l’Union Européenne  et de l’Union Africaine.

Dans la suite des conclusions du 3ème EABF, qui avait proposé la création d’une charte des droits des PME africaines, la CPCCAF avait rédigé et adopté en Assemblée générale à Abidjan en 2009 la Charte des droits fondamentaux des petites et moyennes entreprises africaines.

Cette charte a été officiellement transmise à Triopli au représentant de l’Union Africaine qui a souhaité, au cours des débats, en faire adopter le principe au niveau de tous les Etats composant l’Union pour établir des standards continentaux, en matière de préservation et de développement des Petites et moyennes entreprises, véritable moteur de la croissance économique locale et de l’emploi.

Le président YUMA-MULIMBI, a rappelé que la  question du développement des PME africaines s’imposait progressivement  comme un élément central des politiques de coopération menées par l’ensemble des acteurs présents sur la scène du développement économique. Pourtant les résultats observés en la matière, ne sont pas à la hauteur des attentes. Quelles raisons à cela?

Vous trouverez ci-joint l’intégralité du texte de son intervention

« A mon sens, les deux principales difficultés résident dans l’hétérogénéité et l’atomisation des acteurs concernés et leur poids économique relatif dans une vie publique locale majoritairement orientée vers les grandes industries et les grandes politiques d’investissement.

L’hétérogénéité et l’atomisation des acteurs concernés rendent tout d’abord l’action vers chacune d’entre elles particulièrement malaisée. Les pouvoirs publics africains, les Etats et structures politiques régionales, les bailleurs manquent de relais efficaces et pérennes capables d’assurer la mise en œuvre de leurs politiques et de toucher le plus grand nombre de micros et petits opérateurs économiques. Nous, organisations africaines représentatives du secteur privé, devons en prendre notre part de responsabilité et améliorer nos modes de fonctionnement. Dans le même temps nos organisations doivent pouvoir être appuyées et justement considérées comme acteurs à part entière de ces politiques.

En deuxième lieu, il apparaît, malgré une réorientation tendancielle des différentes stratégies d’aide au secteur privé, que les PME ne sont pas dans les faits, la priorité des politiques publiques menées en faveur du secteur privé.

En conséquence de ce que je viens de dire, ce sont les PME qui paient le plus lourd tribut à l’informalisation de l’économie, en ne disposant pas de relais permettant financement et formation, en étant les plus vulnérables aux évolutions des politiques économiques de nos Etats.

Or la petite activité économique, exploitation agricoles, artisanales ou entreprises commerciales, loin d’être des locomotives visibles du développement, constituent pourtant le filet de sécurité de la majeure partie de la population offrant emplois et croissance et permettant la constitution et le développement d’une classe moyenne, soucieuse de développement et de stabilité.

Que faire ?

Plusieurs questions paraissent essentielles en matière de développement des PME qui recouvrent plusieurs thématiques principales :

 1ère thématique : la création d’un cadre économique, financier, juridique et social stable et pérenne, qui permette l’établissement dans le domaine formel d’un certain nombre d’acteurs économiques, contribuant au développement général par leur intégration aux flux économiques nationaux.

 Ce domaine qui relève principalement de la volonté des Etats et des réformes politiques et réglementaires, doit fournir aux PME un environnement des affaires favorable. Ce cadre passe notamment par :

-la protection de tous les droits des entrepreneurs, vis-à-vis de leurs partenaires/concurrents, dans leurs relations avec l’administration et l’Etat, qui passe par l’édiction de règles transparentes et adaptées et par leur sanction au moyen de modes de résolution des conflits, équitables, prévisibles et transparents.

-un cadre social et fiscal stable, non confiscatoire, permettant l’émergence dans le domaine formel de toute une catégorie de petits opérateurs économiques.

A ce titre, je voudrais souligner l’action qu’a menée la CPCCAF depuis le dernier Business Forum Union Européenne – Union Africaine organisé à Nairobi en septembre dernier et dont une des conclusions visait à éditer une charte de PME, permettant de souligner les points essentiels permettant de favoriser et protéger les PME dans leur développement.

Cette charte des droits fondamentaux des PME africaines, que nous avons rédigée et votée, vous a été diffusée et devrait à notre sens pouvoir utilement contribuer au débat de ce jour.

2ème thématique : la mise à disposition d’outils nécessaires à la création et au développement des opérateurs économiques, passant par de nécessaires relais, qu’ils soient publics, privés ou mixtes.

Parmi ces outils figurent principalement traditionnellement :

-L’accès aux services d’appui :

Cette catégorie de services destinés aux primo créateurs, ou aux petites structures permet en général un accompagnement et un guidage pour les premières années de la vie de l’entreprise afin d’éviter des taux de mortalité entrepreneuriaux trop importants. Sans être exhaustif, on peut citer :

Favoriser la création de guichets uniques de création d’entreprises en désignant un chef de file

Développer l’accès à des comptabilités simplifiées par le biais, par exemple des Centres de Gestions Agréés

Favoriser la création de pépinières et d’incubateurs d’entreprises

Développer les centres de ressources en matière d’information économique

 L’ensemble de ces services ne peut être apporté directement aux entreprises que par des opérateurs de terrain, nécessairement au contact des besoins des entrepreneurs et des contraintes des pouvoirs publics.

 -L’accès aux financements

Cette thématique traditionnel de l’accompagnement des PME et de leur sous financement chronique a été maintes fois soulignée. Il est essentiel de rendre plus attractif et plus aisé le financement de la PME par la création de nouveaux systèmes de garantie et de rétribution du prêteur. Parmi les objectifs assignés ont peut citer :

Développer les instruments de financement pour les entreprises exclues du marché bancaire.

Mettre en place des groupes de garantie mutuelle.

Encourager le métissage des expériences entre acteurs du financement – public/privé – pour développer les produits innovants.

 -L’accès à la formation professionnelle

 Le problème de la formation professionnelle devient un sujet majeur des politiques de développement à égalité avec l’éducation. Les PME africaines ont plus besoin de main d’œuvre bien formée aux postes pré BAC, BAC et BAC +2 que d’écoles supérieures de management dont les cadres du continent sont déjà largement issus.

Pour favoriser l’éclosion de formation de ce type, il est nécessaire de favoriser le dialogue entre le secteur privé et le secteur public afin qu’au financement des premiers, s’agrège les capacités des seconds. Les organisations intermédiaires sont en effet au contact de la demande par les fédérations professionnelles qu’elles représentent et leurs ressortissants et l’interlocuteur naturel des acteurs de l’offre dans leurs relations avec les Etats ou les bailleurs.

3ème thématique : la création de réseaux d’entreprises, clusters, systèmes productifs locaux, districts, grappes d’entreprises permettant une mutualisation des investissements, l’augmentation des opportunités commerciales et une amélioration de l’environnement économique des membres de la grappe d’entreprises.

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