Le programme FAIR Sahel propose un recueil détaillé des innovations agroécologiques expérimentées dans différentes zones du Sahel. Ce guide, publié en décembre 2024, est un outil précieux pour appuyer la transition vers une agriculture durable dans des régions particulièrement vulnérables.
Face aux crises alimentaires, aux aléas climatiques, à la dégradation des sols et à la perte de biodiversité qui fragilisent les systèmes agricoles au Sahel, FAIR Sahel présente l’agroécologie comme une alternative robuste. À travers une approche intégrant savoirs locaux et innovations scientifiques, le projet encourage la diversification des cultures, la gestion durable des ressources naturelles et le renforcement de la résilience des communautés rurales .
Cet ouvrage de référence, coordonné par Claire Kieffer, est le fruit d’une collaboration riche entre acteurs de terrain, chercheurs et institutions régionales. Il s’organise autour de plusieurs thématiques clés : intégration agriculture-élevage, biodiversité cultivée, fertilité des sols, et gestion écologique des ravageurs .
Des innovations concrètes testées sur le terrain
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Intégration agriculture-élevage
Le projet valorise les coproduits des cultures (tiges, fanes) pour nourrir le bétail en saison sèche. Le recours à des variétés à double usage comme le sorgho ICSV, le niébé (KVX 745-11 P, IS 5874 F) et l’arachide SH470 P montre des performances intéressantes et offre un lien fort entre production vivrière et alimentation animale . -
Dispositif expérimental intelligent
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Champ central : site démonstrateur avec essais structurés (essais randomisés, bloc Fischer, huit traitements différents).
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Champs satellites : expérimentés par les agriculteurs eux-mêmes, dans leurs conditions propres.
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Essais multi-locaux et stations de recherche complètent le dispositif, facilitant l’adaptation en contexte réel .
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Performance technique et économique
Les cultures à double usage ont généré des rendements de biomasse souvent supérieurs aux références. Par exemple, l’arachide a particulièrement bien performé à Arbollé, tandis que le niébé IS a donné de bons résultats à Korsimoro, et le sorgho ICSV à Nagréongo .
Sur le plan économique, les marges brutes les plus élevées ont été observées à Nagréongo, suivies de Korsimoro, notamment grâce à une meilleure production de biomasse et à des coûts réduits (notamment en biopesticides) . -
Adoption locale et co-évaluation participative
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Le projet a mobilisé 30 producteur.rices pour les champs centraux, puis 18 exploitations individuelles pour les champs satellites.
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Lors d’ateliers de co-évaluation, chacun a sélectionné ses traitements préférés selon des critères comme la production de biomasse, la sécurité alimentaire ou encore la fertilité du sol .
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Les participants ont souligné : la double utilité des cultures (grains et fourrage) comme un atout majeur pour la gestion de la soudure ; l’efficacité naturelle et moins onéreuse du biopesticide à base de neem ; mais également la préparation laborieuse et l’odeur forte de ce dernier .
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Facteurs facilitant et freinant l’appropriation
Si la main-d’œuvre et la disponibilité des variétés ne sont pas considérées comme de sérieux obstacles, l’accès insuffisant aux semences dans les villages et le manque d’infrastructures de stockage pour le fourrage (fanes, tiges) représentent des défis réels. Les producteurs privilégient souvent les variétés les plus productives en grains, en partie en raison de leur rôle dans la sécurité alimentaire.
Le guide du programme FAIR Sahel offre un panorama solide des innovations agroécologiques testées dans différents contextes sahéliens. Il présente des pratiques intégrées réalistes, éprouvées, engageantes pour les agriculteurs et respectueuses des écosystèmes. Le modèle proposé — associant démonstration, expérimentation et appropriation locale — constitue une démarche prometteuse pour renforcer l’agriculture durable en zones vulnérables.
Publication : Les systèmes techniques innovants d’intensification agroécologique