Le rôle de la France dans une francophonie dynamique

Mise à jour le 16 janvier 2018

Le rôle de la France dans une francophonie dynamique

Marie-Béatrice Levaux

Janvier 2018

INTRODUCTION


Dans son avis de 2009 « Le message culturel de La France et la vocation interculturelle de la francophonie »1 , notre assemblée s’est prononcée sur la dimension plus spécifiquement culturelle de la francophonie (cf. Annexe 1). Avec ce nouvel avis, le CESE souhaite explorer des pistes différentes et complémentaires qui permettraient à notre pays de mieux répondre pour la part qui est la sienne, aux attentes exprimées dans l’espace francophone. Bien qu’une organisation internationale multilatérale, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) lui soit dédiée, la francophonie est moins un sujet institutionnel qu’un sujet pour les populations d’expression française. L’engagement des États et des gouvernements signataires de la Charte de la Francophonie sur des valeurs communes, doit aussi avoir des effets réels pour les populations francophones. A ce titre, la France membre fondateur et premier contributeur de la Francophonie, ne doit pas méconnaître les attentes qu’elle suscite, tant chez les autres États et gouvernements partenaires que chez les sociétés francophones. En précisant le rôle de la France dans une francophonie dynamique, cet avis entend porter un éclairage non seulement sur la gouvernance de la Francophonie2 institutionnelle, mais également sur la capacité de la Francophonie à porter des messages entendus dans les espaces francophones et dans le monde. Pour que la Francophonie existe en tant qu’actrice de la scène internationale elle doit exercer une influence forte sur les grands dossiers économiques, sociaux, environnementaux et culturels qui concernent une part importante de la population mondiale. Il s’agit pour la France comme pour ses partenaires, de savoir la faire exister.

Avec 274 millions de locuteur.rice.s en 2014 (source OIF) réparties sur les cinq continents, la francophonie est avant tout une communauté linguistique3 . Cinquième langue parlée au monde, langue officielle de 32 États et gouvernements, deuxième langue des organisations internationales ou langue étrangère apprise dans le monde, le français pourrait devenir à l’échéance 2050, la deuxième langue mondiale au vu du potentiel démographique des pays francophones, en particulier en Afrique.

La Francophonie exprime aussi «  la conscience des liens que crée entre ses membres le partage de valeurs universelles, qu’elle souhaite utiliser au service de la paix, de coopération et de solidarité et du développement durable »4 . La Charte de la Francophonie de 2005 détaille d’ailleurs les objectifs qu’elle entend servir grâce aux liens existants entre ses membres  : promotion de la démocratie  ; gestion et règlement des conflits  ; soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme  ; intensification du dialogue des cultures et des civilisations  ; renforcement de la solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de l’économie ; promotion de l’éducation et de la formation.

De nombreux.euses interlocuteur.rice.s que la section a reçu.e.s au cours de ses travaux ont pourtant souligné la difficulté des pouvoirs publics français à traiter de la francophonie et à la traduire en un projet lisible. Bon nombre d’entre eux.elles ont insisté sur le fait que la page du colonialisme était définitivement tournée et que « l’attente de France » en matière de francophonie était forte.

Cette attente se matérialise en premier lieu dans le défi du soutien à l’apprentissage de la langue. Cet enjeu est certes immense, non seulement sur le territoire national où de trop nombreuses personnes voient leur participation à la société obérée par une maîtrise insuffisante du français, mais aussi à l’étranger. En effet, le passage à 750 millions de locuteur. rice.s francophones en 2050 resterait une simple projection optimiste si aucun effort n’était déployé pour soutenir le système éducatif dans des pays comme ceux d’Afrique francophone, où les budgets sont plus que contraints dans ce domaine.

Cependant, il ne s’agit pas seulement de partager une langue mais bien de donner à la Francophonie les moyens de porter des valeurs communes, de donner ou redonner du sens au projet francophone. Les attentes sont importantes dans ce domaine et l’agenda géopolitique plutôt propice. Lutte contre les dérèglements climatiques, financement de l’aide au développement, mobilités internationales sont autant de sujets sur lesquels la communauté francophone peut avancer et proposer, grâce notamment au dialogue Nord/ Sud qu’elle incarne, de réelles évolutions.

Sur chacun de ces sujets, l’espace international francophone doit tenter d’apporter des réponses : des objectifs communs tels que l’éducation et les Objectifs du développement durable (ODD) fédèrent les États et gouvernements francophones, leur permettant de tisser des alliances pour progresser sur la voie d’une politique internationale plus équilibrée et plus solidaire.

Cet avis présente 16 recommandations pour une feuille de route politique de la Francophonie. Il est suivi d’un rapport qui présente dans une première partie, les enjeux du dossier de la francophonie pour la France et pour ses partenaires et établit dans une seconde partie, un diagnostic sur les vecteurs de dynamisme de la francophonie.

 

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