Isabelle Savelli, CCI de Paris-Ile de France : Voici comment aider les femmes entrepreneurs à dépasser les freins (source le Manager.tn)

Mise à jour le 13 juillet 2021

Isabelle Savelli, CCI de Paris-Ile de France : Voici comment aider les femmes entrepreneurs à dépasser les freins (source le Manager.tn)


Isabelle Savelli, responsable du pôle observation économique et data à la CCI de Paris-Ile de France, fait un point sur la situation de l’entrepreneuriat féminin en France et en Afrique lors d’un webinaire de la CPCCAF organisé lundi.


Les secteurs préférés des femmes entrepreneurs en France : le social, la famille, le service à la personne


En France, les femmes ont été à l’origine de moins d’un tiers des créations d’entreprise. Isabelle Savelli a déclaré : “Très peu de femmes sont à la tête de start-up ou d’ entreprises  dans le numérique. Sur les 200 000 femmes qui, chaque année, se lancent dans la création d’une entreprise, elles se tournent plutôt vers des secteurs liés au social et à la famille, comme le service à la personne.”

Les freins que connaissent les femmes entrepreneurs sont au nombre de cinq : l’accès au financement, le déficit de formation, la non confiance en soi, la pression du temps et le sentiment de manque de légitimité. “En France, le premier frein serait l’accès au financement. En effet, les femmes peinent davantage que les hommes à lever des fonds encore plus  dans le secteur du numérique, appelé à se développer fortement dans les années à venir.” Elle a ajouté : “Pourquoi le refus des banques est plus fréquents lorsque la démarche est effectuée par une femme? Cela pourrait être expliqué soit par un problème dans  le montage des business plan, soit par la faiblesse du  réseau. Les hommes développent  leur réseau avant de créer leur entreprise. Ils savent déjà auprès de qui demander de la formation et de l’information.

Sur le volet psychologique, les femmes ont tendance à s’exclure elles-mêmes de l’entreprenariat, par manque de confiance en leurs compétences pour créer et gérer une entreprise, selon Savelli. Il faut également prendre en compte le manque de temps vu les contraintes de la vie familiale. De plus, les entreprises gérées par des femmes sont généralement des structures plus petites que les hommes.”

En plus des initiatives telles que Shetrades lancée par l’ITC, la France soutient les femmes entrepreneures à travers la BPI et les chambres de commerce. Isabelle Savelli a expliqué : “En France, les initiatives qu’on relève sont l’accompagnement au financement, par exemple avec BPI (banque publique d’investissement, un organisme français de financement et de développement des entreprises). Du côté des chambres françaises, il y a la création de réseaux, comme la création par CCI France de CCI Femmes Entrepreneurs. Les chambres de commerce ont aussi imposé 50% de femmes au sein de leurs élus.”


L’Afrique championne de l’entrepreneuriat féminin


Isabelle Savelli reprend les mêmes chiffres que M. Mouakhar. “600 millions de créatrices d’entreprise sont en Afrique: c’est  le taux le plus élevé du monde. Le premier frein demeure l’accès au financement.  25% des femmes en Afrique sont entrepreneuses. C’est 11% en Asie, 9% au Moyen-Orient et 6% en Europe.”

L’entreprenariat féminin en Afrique prend une autre forme qu’en Europe, puisque les secteurs d’activité et le profil des femmes entrepreneurs diffèrent. “En Afrique, avoir sa propre activité permet de subvenir aux besoins de la famille, surtout dans les pays où l’accès à la formation et l’emploi sont limités. Beaucoup de femmes se tournent vers l’informel, avec le commerce, la restauration et l’esthétique où l’on trouve le plus de femmes entrepreneurs, sans oublier l’agriculture.”


Baromètre de 2017 sur la femme entrepreneur africaine


Une étude réalisée en 2017 par la CCI France, les CCI africaines francophones et la CPCCAF a permis de construire un baromètre. 6872 entreprises africaines ont répondu en ligne ou en face-à-face, avec 21 chambres consulaires dans 16 pays. Des questions ont été posées par rapport au rôle de la femme dans l’entreprise.

A la question : « Quelle est la part des salariés de sexe féminin dans votre entreprise ? », c’est en Afrique de l’est eten  océan indien où la part de femmes dans l’entreprise est la plus importante. Les pays où il y a le plus de salariés de sexe féminin sont le Bénin et le Burkina Faso.

Pour la question : « Parmi ces femmes salariées, quelle est leur part dans les postes à responsabilité ? »,les meilleurs ont été le Burkina Faso à raison de 45% des entreprises et le Maroc pour le cinquième des sondées.

Et pour la dernière question : « Votre chef d’entreprise est-il un homme ou une femme ? », l’Afrique de l’est et l’océan indien ont le plus de femmes chefs d’entreprise. Le Mali (78%) et Djibouti (61%) sont les deux pays où la part des femmes chefs d’entreprise est la plus élevée. Il faut préciser que pour l’Afrique du Nord, l’Algérie n’a pas participé pas au panel.

Les femmes entrepreneurs africaines ont un brillant avenir devant elles. En s’investissant davantage dans l’entrepreneuriat et en dépassant les freins qu’elles rencontrent sur leur chemin, elles pourront continuer à être les championnes du monde de la part des femmes entrepreneurs. Les start-up et les métiers du numérique sont porteurs d’avenir, les femmes peuvent elles aussi se lancer dans ce domaine et créer leur propre entreprise, avec un environnement égalitaire et une égalité des chances entre hommes et femmes.

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