Etat de l’Afrique 2021

Mise à jour le 21 janvier 2021

Etat de l’Afrique 2021


Rapport annuel sur l’économie de l’Afrique (Sous la direction de Larabi Jaïdi)

Dès les premiers cas du Coronavirus relevés en Afrique, les prédictions les plus sombres ont été faites sur la catastrophe sanitaire à venir sur le continent, en raison d’un certain nombre de caractéristiques supposées favoriser la propagation de l’épidémie. Ces prévisions ont été démenties par la rapidité des ripostes des Etats et par divers autres facteurs. La progression de la Covid-19 en Afrique n’est pas le fait d’une dynamique unique mais plutôt de multiples profils de risques distincts. Une diversité des situations s’est dessinée sur le continent. Néanmoins, le diagnostic de cette crise inédite fait état d’un choc brutal marqué par un recul historique des principaux indicateurs macro-économiques. La chute du PIB de 2020 est hors normes. Tous les pays du continent sont confrontés à une baisse de leur PIB par tête et à une exacerbation des vulnérabilités sociales. Chaque Communauté économique régionale (CER) a réagi à la crise selon ses caractéristiques propres, l’intensité des contraintes auxquelles elle est exposée et ses capacités de mettre en œuvre des actions et des politiques communes. Le « retour à la normale » sera probablement progressif. L’hypothèse d’une reprise d’ici à 2023 suppose une croissance vigoureuse dans les deux années à venir. Les pays africains ont des défis communs et des intérêts convergents. La sortie de la pandémie et la construction d’une immunité sanitaire et d’une résilience économique et sociale contre de nouvelles vagues de la Covid-19 ou d’autres risques pandémiques exigent de revisiter les modèles de développement en cours dans le continent en vue de i) garantir la sécurité humaine des populations, ii) renforcer la solidarité des pays du continent au service d’une Afrique forte et autonome dans un système de l’économie mondiale plus équilibré. S’il y a une leçon à tirer de la pandémie c’est celle de l’interdépendance des nations. La reconstitution des chaînes de valeur mondiales et régionales se déploient et se restructurent comme autant de vecteurs de cette interdépendance qui demeure une réalité incontournable.

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L’économie africaine 2021 – rapport de l’AFD


À ce jour1 , l’Afrique a déjoué les prévisions majoritairement pessimistes sur sa capacité à faire face au Covid-19. Frappé d’une présomption de fragilité, le continent a pourtant fait la preuve de sa résilience, fort de la jeunesse de sa population, de la réactivité de ses dirigeants et de son expérience des pandémies. Ce contraste, qui confirme un décalage persistant entre la perception de l’Afrique et les mutations qui s’y opèrent, doit nous interpeller sur le regard que nous portons sur le continent. C’est l’un des objectifs de cette nouvelle édition de L’Économie africaine, conçue par les Éditions La Découverte et l’Agence française développement (AFD), qui propose, en ce début d’année 2021, des clés de lecture pour mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre en Afrique.

À l’instar de la première édition de L’Économie africaine, les chapitres de cet ouvrage ont été pensés à l’aune d’une approche « Tout Afrique » que promeut le Groupe AFD depuis plusieurs années, afin d’appréhender à la fois la globalité des enjeux du continent et leur diversité. Cette approche continentale permet de saisir l’ampleur des mutations à l’œuvre en mettant en évidence l’un des principaux faits africains  : son entrepreneuriat. En complément de l’analyse des grandes tendances macroéconomiques de l’Afrique et de ses régions, nous avons choisi de donner à voir celles et ceux qui font l’Afrique, au premier rang desquels les entrepreneurs, alors que l’intégration de la jeunesse sur le marché du travail constitue un défi majeur pour le continent au regard de sa croissance démographique.

Cette édition permet aussi de saisir les ressorts de la singularité de la croissance du continent réalisée sur fond de résilience. Celle-ci doit nous conduire à repenser la notion d’émergence au-delà des critères macroéconomiques traditionnels, en prenant notamment en compte des critères sociaux ou de gouvernance. Pour y parvenir, l’ouvrage met en exergue les initiatives africaines de nature à encourager des modèles de développement soutenable et inclusif. L’agroécologie et les dispositifs visant à promouvoir la participation de toutes et tous au marché du travail —  alors qu’un jeune sur deux dans le monde sera africain en 2070 — en font partie et nous inspirent.

L’enjeu du développement durable se pose avec d’autant plus de force en cette période de crise. À court terme, cette situation requiert des réponses internationales fortes pour renforcer les capacités souvent trop faibles des États africains, de leurs banques centrales et de leurs banques publiques de développement à mener des politiques contracycliques, mais aussi de la vigilance pour promouvoir une relance durable qui contribuera à atteindre les Objectifs de développement durable. Les quatre-vingt-quinze banques publiques de développement africaines sont ainsi appelées à jouer un rôle clé à l’avenir dans le financement du développement.

Dans le chapitre i, Rima Le Coguic et Yasmine Osman soulignent que, si les impacts négatifs de l’épidémie sur les plans économique et social sont significatifs, l’activité a moins reculé en Afrique qu’à l’échelle mondiale. La crise a en effet mis en lumière une réelle résilience des acteurs africains. La jeunesse de la population a, à l’évidence, contribué à ralentir la propagation du Covid-19. L’ampleur du choc économique provoqué par l’épidémie varie toutefois significativement d’une région à une autre, l’Afrique australe payant un lourd tribut et la région du Grand Sahel se montrant, une nouvelle fois, parmi les plus résilientes sur le plan économique. La capacité de l’Afrique à rebondir en 2021 dépendra de la reprise de l’économie mondiale, de l’ampleur de la déstabilisation économique subie et de la mobilisation des appuis internationaux pour accompagner les économies africaines. À plus long terme, une reprise durable nécessitera de grandes transformations structurelles.

La moitié des économies africaines disposeraient d’un plan national visant à accéder à l’« émergence » à court, moyen ou long terme. Meghann Puloc’h et David Chetboun s’interrogent dans le chapitre  ii sur la notion d’émergence en Afrique. Les auteurs étudient les critères d’analyse de l’émergence. Ils mettent 4 L’économie africaine 2021 AFRICAINE_cc2019_pc.indd 4 21/12/2020 07:37:21 en évidence la difficulté à identifier les pays émergents en Afrique selon les critères communs aux premiers pays émergents, notamment asiatiques. S’il apparaît que peu de pays africains peuvent être qualifiés d’émergents à ce stade, plusieurs économistes proposent une nouvelle définition de l’émergence élargie à des critères sociaux, de gouvernance et de qualité des infrastructures. Cette définition revisitée permet d’identifier les prochains pays émergents en Afrique en valorisant les atouts du continent comme le dynamisme de son marché intérieur.

Le secteur agricole mérite aussi une attention particulière étant donné le rôle qu’il joue dans la réduction de la pauvreté. La croissance de la production agricole en Afrique serait environ trois fois plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance d’autres secteurs. Dans le chapitre  III, Philippe Roudier et Djiby Dia analysent le cas de l’agroécologie au Sénégal, comme troisième voie permettant d’augmenter les rendements en limitant au maximum les externalités environnementales négatives. Après avoir exposé les stratégies agroécologiques réussies en Afrique de l’Ouest, et en particulier au Sénégal, les auteurs analysent les facteurs bloquants d’un passage à l’échelle de l’agroécologie.

Le choix du régime de change est essentiel pour favoriser les investissements, faciliter les échanges commerciaux et la stabilité monétaire sur le continent. Vincent Fleuriet et Maëlan Le Goff analysent dans le chapitre iv les modalités d’intervention des banques centrales sur le marché des changes ainsi que les avantages et inconvénients des différents régimes (changes fixes/ flexibles). Si une stabilité plus forte de la monnaie contribue à une plus grande stabilité de la croissance, davantage de flexibilité dans la mise en œuvre de la politique de change permet aux pays de réagir plus efficacement en cas de choc. La grande vulnérabilité de nombreux pays africains aux dégradations des termes de l’échange (liés à leur dépendance aux exportations de matières premières) les expose à un fort risque de baisse de leurs réserves de change. L’efficacité d’un régime fondé sur une plus grande autonomie de la politique monétaire requiert néanmoins un certain niveau de développement du système bancaire et financier. Cela explique la prédominance des régimes de change fixe en Afrique.

L’intégration de la jeunesse sur le marché du travail est l’un des principaux défis du continent africain : il faudrait que les marchés du travail en Afrique puissent créer entre  2018 et  2035 environ 20 millions d’emplois par an, soit le double de ceux qui ont été créés en moyenne entre 2012 et 2017. Dans le chapitre v, Kenneth Rémy Rioux Introduction 5 AFRICAINE_cc2019_pc.indd 5 21/12/2020 07:37:21 Houngbedji et Claire Zanuso dressent sur la période 2010-2018 un panorama des caractéristiques de la population active à l’échelle du continent. Ils soulignent la plus forte précarité des conditions de travail des 15-24 ans, notamment des femmes, surreprésentés dans les emplois informels, en décalage avec leur aspiration à un emploi dans le secteur public. Les auteurs analysent un certain nombre de dispositifs visant à promouvoir la participation au marché du travail de tous selon un mode plus inclusif.

L’entrepreneuriat en Afrique constitue un enjeu majeur pour la création d’emploi, notamment l’emploi des jeunes, sur ce continent dont la croissance de la population en âge de travailler sera la plus élevée au monde, d’aujourd’hui à l’horizon  2050. Le développement du secteur privé formel se heurte toutefois à un climat des affaires dégradé dans de nombreux pays. Dans le dernier chapitre, Pierrick Baraton, Sébastien Fleury et Florian Léon montrent que l’État peut jouer un rôle essentiel pour améliorer le climat des affaires. Ils identifient trois composantes d’une bonne gouvernance publique et les effets délétères à court et long termes d’une gouvernance défavorable sur l’entrepreneuriat, avant d’esquisser des pistes de solution pour développer le secteur privé en Afrique, ces dernières ne devant pas se résumer aux seules réformes s’appuyant sur le renforcement de l’État et de son administration.

En fin d’ouvrage, une chronologie préparée par Lou BachelierDegras et Hélène Picart recense les événements africains importants qui rythmeront l’année  2021. Les principales données économiques et sociales du continent sont également présentées dans des tableaux statistiques réalisés par Laura Marie.

Pour conclure, je veux dire toute ma gratitude à l’ensemble de ces auteurs qui, en faisant progresser la connaissance, contribuent aussi à l’urgente conversion de nos regards sur le continent africain.

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Top 200 african bank

 

Pandémie oblige, les perspectives ne pouvaient être plus différentes pour l’Africain banques que le classement 2018. 

 

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