Baromètre RSE-ODD SBF 120 + 2 afrique, 2020 (by Afrique RSE)

Mise à jour le 28 janvier 2021


Par Thierry TENE, Associé et Directeur, Afrique RSE


Dans son livre de référence «  Paris et le désert français » publié en 1947, le géographe Jean-François GRAVIER met en exergue le déséquilibre français dans le domaine de l’aménagement du territoire entre la capitale Paris où tout était concentré et le reste de la France.

Autre époque, autre thématique et autre périmètre mais un constat identique. En matière de transparence et de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) françaises, il y a Paris, où les directions des grands groupes ont adopté des politiques RSE avec la publication régulière des rapports RSE ou Déclarations de Performance Extra-Financières et l’immense désert africain où les filiales des mêmes entreprises ne font même pas le minimum en matière de transparence sur leurs activités.

C’est ce qui ressort du premier Baromètre RSE-ODD SBF 120 + 2 Afrique publié par le cabinet Afrique RSE en novembre.

e SBF 120 + 2 Afrique fait référence aux entreprises de l’indice boursier de Paris SBF 120 (Ce sont les 120 plus grandes entreprises françaises), avec en plus EGIS et BGI/CASTEL, qui ont au moins une filiale en Afrique.

Nous avons identifié 84 entreprises qui constituent le périmètre du SBF 120 + 2 Afrique. Elles ont réalisé un Chiffre d’Affaires consolidé de 1 744,8 Milliards d’euros en 2019. Ces 84 entreprises du SBF 120 + 2 Afrique ont 1 276 filiales en Afrique qui ont été analysées par nos soins.

En matière de visibilité sur la toile, 535 (42 %) filiales africaines du SBF 120 + 2 ont un site Internet. Certains sont des prolongements du site du Groupe ou sont uniquement des sites commerciaux.

Il y a seulement 31 (2 %) filiales qui ont publié la composition de leur Conseil d’Administration et 34 (3 %) à l’avoir fait pour le Comité de Direction ou Comité Exécutif.

Et quand on recherche des informations sur les activités ou les données financières de ces 1 276 filiales africaines du SBF 120 + 2 Afrique, on ne trouve pas grand chose.

A peine 19 filiales africaines du SBF 120 + 2 Afrique ont publié un rapport d’activité ou financier au cours des trois dernières années. Le périmètre de la recherche était au départ l’année n-1 c’est à dire 2019. Mais face à la rareté des informations, nous avons élargi le périmètre à l’année n-3.

Alors que les 84 entreprises qui constituent le périmètre du SBF 120 + 2 Afrique publient quasi annuellement leur rapport RSE et/ou Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF), seulement 12 filiales africaines sur les 1 276 ont publié un rapport RSE ou équivalent au cours des trois dernières années.

Le discours, la politique, la stratégie et le reporting RSE sont clairement les priorités des sièges parisiens des grands groupes français mais pas de leurs filiales africaines.

Jusqu’ici pour se différencier des autres partenaires économiques de l’Afrique, comme la Chine, l’engagement RSE des filiales des multinationales occidentales notamment françaises était régulièrement mis en exergue.

Or il n’y a que les rapports RSE et les déclarations de performance extra-financiers de ses filiales africaines des entreprises françaises qui permettraient l’appréciation de leur degré d’engagement en matière de Responsabilité Sociétale en Afrique.

En absence de transparence, cette posture d’exemplarité ou de RSE vitrine (pour reprendre l’expression de René VILLEMURE) pourrait se retourner contre ceux qui les évoquent sans preuve et exposer plus facilement aux critiques de « RSE washing ».

Sur les 12 rapports RSE ou équivalents publiés par les filiales africaines du SBF 120 + 2 Afrique quelques uns sont vraiment excellents et démontrent une démarche RSE exemplaire dans un contexte africain où à part la Bourse de Casablanca, ils sont très rares les Gouvernements ou les institutions qui exigent la publication d’un rapport RSE ou extra-financier.

Ce qui apporte encore plus de crédit à la pertinence de la démarche RSE de ces filiales françaises exemplaires en Afrique. En effet, elles s’engagent de manière volontaire dans la RSE et rendent compte de manière transparente (allant jusqu’à présenter les objectifs non atteints) sans aucune contrainte réglementaire ou de marché.

Ces quelques rapports RSE, qui sortent du lot, n’ont d’ailleurs rien à envier aux déclarations de performance extra-financière des entreprises de l’indice bousier français SBF 120, qui sont pourtant validées par un Organisme Tiers Indépendant conformément à la loi française.

Mais pour la grande majorité des 12 rapports RSE des filiales africaines du SBF 120 + 2 Afrique, il ne s’agit que de « RSE vitrine » ou « RSE whasing » qui ne sert ni la filiale et encore moins le siège avec des risques pour l’image et la réputation.


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