Africalink

Mise à jour le 10 avril 2019

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Avec le soutien de la CCIMP et d’Aix Marseille Provence Métropole, initiateurs du projet. Entrepreneur(e)s, PME, acteurs/actrices de la relation Europe/Afrique, venez enrichir la réflexion et agir pour une prospérité qui ne pourra qu’être commune !

Edito



Emergence, changeons de logiciel !

Ces dernières décennies de politiques d’aide et de coopération en matière de développement ont prouvé une inefficience globale difficilement contestable.

Avec une estimation supérieure à 1 200 milliards de dollars engagés sur le continent africain rien que depuis le début du siècle (APDi, ONG, hors IDEii), force est en effet d’observer que les résultats sont loin d’être satisfaisants.

Nombreuses sont les voix qui le constatent, voire qui suggèrent même régulièrement que ces aides ont pu, indirectement, contribuer au maintien du non développement (manne anesthésiant les acteurs politiques, accroissement de la dette, confortement de la dépendance par le secours d’urgence, prévalence du conjoncturel sur le structurel, du traitement des conséquences au dépend de celui des causes, …).

En dépit d’une nette évolution de leurs approches de l’aide, les bailleurs de fonds et institutions financières internationales peinent à trouver des formules efficaces d’accompagnement au développement.

Il en est de même pour l’aide bilatérale traditionnelle qui, malgré des remises en cause réelles de fonctionnements et d’objectifs devenus obsolètes, réussit mal à dépasser des succès ponctuels, trop souvent et rapidement, dissous dans un environnement économique, légal et social en grand décalage. Les effets de l’aide et de la coopération venant des nouveaux acteurs (Chine, Inde, Turquie, Maroc,…) restent encore à analyser, mais il est à craindre qu’il ne contribuent qu’à la marge, et trop lentement, à l’établissement des véritables ressorts de l’émergence que sont la bonne gouvernance et l’état de droit, un tissu dense de TPE/PME créatrices d’emplois durables et qualifiés, issu d’une classe moyenne indépendante des retombées aléatoires des financements extérieurs.

Il est temps de remettre en cause profondément les anciens schémas de pensée, et en particulier les approches macroéconomiques de type « top-down » dont la perfection théorique et régulièrement démontée par la pratique, ou encore la croyance que des modèles de développement exogènes peuvent générer des développements endogènes.

Les théoriciens du développement et les techniciens de l’aide ont trop souvent une vision bornée, soit par des réflexes systémiques, étatiques, voire académiques, soit par l’urgence humanitaire. Généralement par manque d’expérience, parfois par facilité, ils méconnaissent la véritable source de création de richesses, le moteur universel du progrès et du développement : l’Entrepreneur.

C’est lui/elle, qui est à l’origine de l’activité économique, sociale et culturelle. C’est de lui/elle qu’est issue l’entreprise, donc la création d’emplois. C’est lui/elle qui porte la croissance, ce sont ses valeurs qui participent à l’équilibre de nos communautés.

A l’image d’un arbre, dont la santé et la production fruitière dépendent directement de son enracinement dans la terre, c’est sur la fertilité de son entrepreneuriat qu’une société construit son émergence et sa pérennité.

Ce qui est vrai dans les pays développés où les TPE/PME portent plus de 50% du PIB et une large majorité des emplois, l’est à l’évidence dans la dynamique de l’émergence.

Les grandes entreprises ont leurs fonctionnements et leurs stratégies propres, généralement indépendants des financements extérieurs qui, souvent, s’apparentent à des effets d’aubaine. Elles ont la puissance qui manquent aux PME pour orienter, voire imposer, les aménagements légaux nécessaires à leurs investissements et à leurs partenariats avec les Etats. Leur internationalisation peut également les rendre dramatiquement volatiles sur un territoire.

Il devient indispensable de faire évoluer le « logiciel » du soutien au développement en complétant ce dernier par une approche innovante basée sur la diversité plutôt que sur la concentration, sur la confiance plutôt que sur le contrôle, sur l’Homme plutôt que les structures. La multiplication des partenariats entre les entrepreneurs du nord et du sud est un axe majeur de l’émergence. Ces derniers partagent les mêmes valeurs (courage, imagination, résilience, travail et acceptation du risque, …) et sont complémentaires (savoirs faire, soutiens d’Etat forts et capacités financières, d’une part, très forte dynamique entrepreneuriale, connaissance des marchés et des cultures d’autre part).

« Chainon manquant » du développement, l’Entrepreneur est aussi celui qui, par son action locale, valide une pensée globale dont il est le meilleur vecteur, Il en est l’acteur naturel par son engagement personnel et les risques qu’il prend.

Les Etats, avec leurs partenaires internationaux, doivent impérativement en prendre conscience et en valoriser l’extraordinaire potentiel de contribution à une croissance diversifiée, partagée et endogène.

Indispensable aux populations africaines, l’émergence du continent ne l’est pas moins à l’Europe (et en particulier à la France). L’avenir est commun sur l’axe Euro-Med-Afrique. Il est, à l’évidence économique, mais aussi social et sécuritaire : seule une aisance moyenne tarira, à la fois des flux migratoires dramatiques et les sources d’un terrorisme suicidaire.

Si l’aide reste encore indispensable (et insuffisante) en matière humanitaire, elle doit s’y limiter et ne plus se confondre avec un objectif partagé de développement basé sur des politiques collaboratives de partenariats et de coopération, privilégiant le « avec » plutôt que le « pour ».

Yves DELAFON, Président, Africalink

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