La Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD) et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont organisé, ce mercredi 19 novembre 2025, une journée de sensibilisation consacrée au Règlement relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’UEMOA.
Cette rencontre visait à renforcer la compréhension des règles de rapatriement des recettes d’exportation, à améliorer la disponibilité des devises, à encourager la transparence des flux commerciaux et à instaurer un cadre de dialogue constructif entre le secteur privé, les banques et les autorités monétaires. Elle a également permis aux acteurs économiques d’échanger directement avec l’institution monétaire sur leurs préoccupations.
Conformément à sa mission de représentation du secteur privé, la CCIAD a souhaité offrir un espace d’échanges avec la BCEAO afin de favoriser une meilleure appropriation des règles financières.
Le président de la Chambre, Abdoulaye Sow, a rappelé que la régulation et la fluidité des relations financières entre États, entreprises et institutions constituent un enjeu essentiel pour la stabilité macroéconomique, la compétitivité des entreprises et la crédibilité de l’Union Monétaire. Un impératif d’autant plus crucial dans un contexte mondial marqué par des flux financiers rapides, massifs et souvent volatils.
Il a souligné que la réglementation des relations financières extérieures de l’UEMOA impose aux opérateurs économiques plusieurs obligatio
ns : domiciliation des exportations, rapatriement des recettes, cession de devises ou encore tenue rigoureuse des dossiers.
Ce qui nécessite, selon lui, d’asseoir d’une meilleure maîtrise de ces dispositions par le secteur privé afin d’assurer la conformité réglementaire et d’éviter les sanctions, de renforcer la liquidité en devises dans la zone, et d’améliorer la compétitivité des exportateurs en sécurisant leurs flux financiers.
Nouvelles obligations
La présentation technique qui a suivi la cérémonie d’ouverture a permis aux nombreux participants d’en apprendre davantage sur le nouveau cadre applicable aux relations financières extérieures.
Le Règlement N°06/2024/CM/UEMOA définit désormais les règles de domiciliation, d’encaissement et de rapatriement.
Ainsi, les exportations de biens et services à destination de pays hors UEMOA doivent être domiciliées auprès d’un intermédiaire agréé dès lors que leur montant dépasse 20 millions de francs CFA.
Concernant l’encaissement, la réglementation exige que les recettes issues des exportations, qu’elles soient soumises ou non à domiciliation, soient intégralement encaissées puis rapatriées dans les livres d’une banque établie au Sénégal, dans un délai fixé par la BCEAO.
Enfin, pour ce qui est du rapatriement, les devises issues de ces opérations doivent être cédées à la BCEAO par la banque concernée.
Selon Adji Fama Thiam Ndir, chef de service des études et de la statistique à la BCEAO Sénégal, malgré ce cadre réglementaire, des défauts d’encaissement subsistent. En 2024, ils atteignaient 24,2 %, soit près de 600 milliards de francs CFA non rapatriés.
Elle a expliqué que ces manquements pèsent sur la politique monétaire, réduisent les réserves de change et compliquent le financement des importations stratégiques ainsi que le paiement de la dette publique.
Elle a invité les entreprises à s’assurer de l’encaissement effectif des revenus provenant de leurs ventes à l’étranger, à régulariser les défauts constatés et à fermer tout compte en devises ouvert à l’étranger sans autorisation.
À l’écoute du secteur privé
Le Directeur national de la BCEAO pour le Sénégal, François Sène, a rappelé que cette journée s’inscrit dans le cadre des rencontres semestrielles que la Banque centrale consacre au secteur privé.
Ces échanges permettent d’améliorer l’environnement des affaires, en offrant aux opérateurs la possibilité de présenter leurs préoccupations et leurs attentes vis-à-vis du secteur bancaire.
Les acteurs économiques présents ont profité de cette tribune pour soulever plusieurs questions liées aux transactions bancaires et à l’application de la réglementation.
Ils ont salué l’initiative, appréciant la proximité qu’elle instaure entre les différentes parties prenantes. Ils ont également plaidé pour la régularité de telles rencontres, afin de renforcer la sensibilisation des exportateurs et importateurs sur les règles qui encadrent leurs activités.
