Cette grande enquête auprès des entreprises montre que 68% des petites entreprises d’Afrique francophone considèrent le changement climatique comme une menace majeure, mais que seulement 38% d’entre elles mettent en œuvre des mesures d’adaptation.
Les petites entreprises africaines sont très vulnérables au changement climatique, mais elles manquent de sensibilisation, de savoir-faire technique et/ou de moyens financiers pour adopter des mesures d’adaptation et d’atténuation. En s’assurant que ces entreprises soient informées des risques environnementaux et en les aidant à améliorer leur situation financière et à accéder à des technologies appropriées, on renforcera leur résilience et on améliorera leur compétitivité à long terme.
C’est l’un des messages clés d’une enquête menée auprès de 5 625 entreprises d’Afrique francophone par le Centre du commerce international et la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones. Les résultats de l’enquête sont présentés dans Compétitivité des PME en Afrique francophone 2023 : Renforcer la résilience au changement climatique.
L’enquête, menée entre avril et juillet 2023, a révélé que 68% des entreprises – en particulier les entreprises du secteur primaire telles que les entreprises minières et agricoles – considèrent les changements de températures et les conditions météorologiques comme une menace pour leurs activités. Pourtant, seules 38% d’entre elles ont mis en place des stratégies d’adaptation pour réduire leur vulnérabilité aux risques environnementaux, principalement en raison des ressources financières limitées des petites entreprises. Les entreprises manufacturières et de services étaient plus préoccupées par les pénuries d’intrants liées au climat que par les changements de température.
‘Les entreprises dans une situation économique favorable étaient plus susceptibles d’adopter des mesures de durabilité,’ d’après le rapport. ‘Les entreprises contraintes financièrement (essentiellement les petites entreprises, celles dirigées par des jeunes et des femmes) avaient également tendance à prendre davantage de mesures peu coûteuses et qui nécessitent peu de qualifications – telles que l’utilisation de moins de produits chimiques et l’investissement dans des emballages durables/recyclables – que leurs homologues, qui tendent à faire des investissements plus importants, tels que l’adoption d’énergies renouvelables.’
Pourtant, les petites et moyennes entreprises sont plus de deux fois moins susceptibles d’investir dans l’adaptation au changement climatique que les grandes entreprises, même lorsque leur situation financière est solide, selon le rapport.
Les investissements verts créent des opportunités
L’Afrique n’émet que 4% des gaz à effet de serre mondiaux – ce qui pourrait expliquer pourquoi l’atténuation du changement climatique est limitée parmi les entreprises d’Afrique francophone. Cependant, environ 90% des entreprises interrogées qui ont investi dans l’écologisation de leur entreprise ont déclaré que cela leur avait ouvert des opportunités prometteuses. Celles qui ont investi dans les énergies renouvelables ont bénéficié d’un meilleur accès à de nouveaux marchés, tandis que les entreprises qui ont adopté des technologies plus économes en eau ont amélioré la qualité de leurs produits.
Le rapport, qui cible les décideurs politiques, les organisations internationales et les bailleurs de fonds, indique que ‘pour s’assurer que les entreprises tirent parti de ces avantages, un soutien est nécessaire sous la forme de l’élaboration d’une stratégie climatique et d’une assistance technique pour la mise en œuvre de ces stratégies.’
Le type d’investissement nécessaire varie en fonction des problèmes spécifiques rencontrés. Le rapport indique que les entreprises dans les pays où les infrastructures sont exposées aux risques climatiques tendent à cibler le renforcement des infrastructures, en investissant dans des systèmes de production d’électricité et des solutions de transports alternatifs. Dans les pays où le changement climatique a un impact important sur la pénurie d’eau, les entreprises ont tendance à investir dans des systèmes d’irrigation.
Selon le rapport, certaines initiatives écologiques nécessitent des ressources financières importantes qui doivent parfois être complétées par un financement externe. Le financement en faveur du climat, associé à l’expertise technique et à la compréhension des risques environnementaux, soutiendra l’atténuation et l’adaptation.