En 2023, l’Union européenne a lancé la phase transitoire du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), qui imposera dès 2026 une taxe sur les importations en fonction de leur empreinte carbone. Ce mécanisme vise à lutter contre les « fuites de carbone » vers des pays aux normes environnementales moins strictes, en taxant les produits importés selon leurs émissions de CO2. Les certificats d’émissions coûteront entre 60 et 100 euros par tonne de CO2, et le dispositif pourrait générer jusqu’à 10 milliards d’euros annuels pour l’UE.
Pour les industries africaines exportatrices, le CBAM représente un défi majeur. Les entreprises qui ne réduisent pas leurs émissions verront leurs produits perdre en compétitivité sur le marché européen en raison des coûts supplémentaires. En revanche, celles qui adoptent des normes climatiques européennes pourraient gagner en attractivité.
En Afrique du Nord, des géants industriels prennent déjà des mesures pour s’adapter. Par exemple, Egypt Aluminium, principal consommateur d’électricité en Égypte et exportateur de 60 % de sa production vers l’Europe, a signé un contrat de 25 ans avec Scatec pour une centrale solaire de 1,1 GW, un projet de 650 millions de dollars visant à réduire son empreinte carbone. De même, le groupe marocain OCP, leader mondial dans la production d’engrais à base de phosphate, a intensifié ses investissements dans l’énergie solaire depuis 2023 pour anticiper les exigences du CBAM.
La Banque mondiale a également encouragé l’Algérie à renforcer sa collaboration internationale et à investir dans les énergies renouvelables. Par exemple, l’accord entre Sonatrach et Tosyali Algérie pour produire de l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables est cité comme une initiative positive vers la décarbonation des processus de production. En mettant en Å“uvre ces recommandations, l’Algérie pourrait atténuer les effets du CBAM sur son économie et favoriser une croissance durable de ses exportations hors hydrocarbures.
En conclusion, le CBAM représente un défi, mais aussi une opportunité pour l’Afrique. Les entreprises qui adoptent des normes climatiques européennes pourraient non seulement éviter des taxes, mais aussi mieux se positionner sur un marché axé sur la durabilité, contribuant ainsi à la transition énergétique mondiale.